Villa Arson

Un article de Nezumi.

La villa Arson est un établissement public administratif du ministère de la Culture à Nice qui réunit une école nationale supérieure d'art, un centre national d'art contemporain, une résidence d'artistes et une médiathèque spécialisée.

Elle est située sur la colline de Saint-Barthélemy, au nord de Nice, dans un domaine de deux hectares offrant un vaste panorama sur la ville. Inaugurée en 1972, elle a pour missions la formation artistique, le soutien à la création et la diffusion de l'art contemporain.

Bâtiments

La villa doit son nom à Pierre-Joseph Arson, riche négociant originaire d’Avignon, qui en 1812, acquiert cette villa de style italien du XVIIIe siècle édifiée par le consul Peyre de la Coste. Dès l’acquisition de ce domaine, à l’époque de six hectares, la famille Arson s'emploie sans cesse à embellir la villa, et à transformer le terrain agricole en un jardin d’agrément dans le style des jardins à l'italienne.

En 1964, la ville de Nice achète le domaine pour en faire don à l’État en vue de la construction d’une École Internationale d'Art souhaitée par le ministre des Affaires culturelles André Malraux. En 1972, elle est inaugurée, et l’École Nationale des Arts décoratifs de Nice, installée depuis 1881, rue Tonduti de l’Escarène, emménage dans ce nouvel espace recomposé par l’architecte Michel Marot. En 1984, l’école prend le nom d’École Pilote Internationale d’Art et de Recherche (E.P.I.A.R), associée au Centre National d’Art Contemporain, puis en 2003, elle adopte le statut d'Établissement public administratif directement sous tutelle du Ministère de la culture. A partir de 2005, le Ministère de la Culture et de la Communication engage un programme de rénovation et de valorisation des espaces permettant notamment la réouverture au public de l'ensemble du site et des terrasses, véritable jardin suspendu et belvédère sur la ville. En 2000, l'architecture de la Villa Arson a été labellisée au titre du Patrimoine du XXe siècle.

Les réalisations de Michel Marot se composent de plusieurs édifices enchâssant l'ancienne Villa ocre (couleur rouge de Gênes) du XVIIIe siècle dans la construction, et investissent la quasi-totalité du terrain (17 000 m2 construit sur les 23 000 de la parcelle). La mise en œuvre du projet, qui tient à la fois du labyrinthe apparent et de la forteresse, a investi principalement la partie sud du site sous la forme d'un urbanisme organisé selon l'axe d'une rue centrale. Un grand hall monumental permet l'accès aux bâtiments, à la Villa ancienne, aux espaces du centre d'art (1200 m2), à la médiathèque, etc. De là part un double axe central de circulation qui, au niveau supérieur, ouvre sur de vastes toits-terrasses aménagés en promenade et jardins suspendus percés de patios d'où émergent des arbres ; et au niveau inférieur, conduit aux ateliers de l'école. Ces ateliers placés ainsi sous dalle bénéficient de systèmes d'éclairages naturels appropriés, combinant éclairage zénithal par pyramidions et éclairage latéral par lanterneaux. À l’intérieur, l’aspect général offre à la vue une impression de sobriété avec des parois de béton « brut de décoffrage » et des éclairages naturels astucieusement maîtrisés. A l'extérieur, le revêtement des parois des murs avec des galets puisés dans le lit du Var renvoie non seulement à un contexte régional d'architecture vernaculaire mais produit surtout un effet de pointillisme qui donne une très grande unité aux bâtiments. L'ensemble revêt un aspect moderniste singulier et un indéniable caractère méditerranéen.

La principale caractéristique du jardin de la Villa Arson d'antan était sa structuration en trois terrasses "à l'italienne" successives en direction du sud. De la période de la famille Arson, subsistent aujourd'hui principalement d'imposants alignements de pins maritimes et de cyprès qui ont justifié la protection en 1943 de la Villa Arson au titre du patrimoine et des sites remarquables de la ville de Nice. Depuis, les bâtiments contemporains ont pris en grande partie place sur le jardin d’agrément de jadis mais en réussissant néanmoins à garder l'impression et l'esprit d'un jardin. En étageant les bâtiments principaux sur trois niveaux sur le versant sud l'architecte Michel Marot est parvenu a respecter la topographie originelle du site en trois terrasses. Des patios à ciel ouvert ont permis de préserver des espaces de verdure et des arbres à l'intérieur de l'édifice. Les toit-terrasses composés de jardinières et de massifs plantés permettent de restituer de manière suspendue ce que l'architecture a pris au jardin d'origine. À l’entrée de la Villa Arson, un jardin contemporain "Le Bosco" a été créé et se caractèrise par des cercles dallés sur une grande pelouse au centre desquels se trouvent des arbres provenant de différents continents, en référence à la vocation internationale de l'établissement artistique.

Le centre national d'art contemporain

Le Centre national d’art contemporain de la Villa Arson, sous sa forme actuelle est né en 1986 avec l’arrivée de Christian Bernard. Ce dernier a construit sa programmation autour d’un projet ambitieux destiné à faire du lieu un véritable laboratoire de production d’expositions d’envergure internationale croisant des expositions collectives prospectives, et des projets monographiques destinés à révéler des artistes en pleine émergence (de Martin Kippenberger à Maurizio Nanucci ou Dominique Gonzalez-Foester). L’exposition devient alors un enjeu important dans lequel les artistes et les critiques vont se croiser tout en impliquant les étudiants de l’école, soit dans la préparation des expositions, soit dans l’organisation de workshops. C’est tout l’établissement de la Villa Arson qui est impliqué dans cette dynamique, comme en témoigne le cycle d’expositions Sous le soleil, entre 1988 et 1991, organisées dans l’ensemble du bâtiment, à la fois architecture et jardins. En permettant une parfaite identification des documents édités, la charte graphique élaborée par Ruedi Baur donne dès 1986 une lisibilité exceptionnelle à la programmation, tandis qu’une politique éditoriale ambitieuse explicite le sens et la portée des enjeux esthétiques soulevés.

Christian Bernard a su révéler la singularité du projet de la Villa Arson initié par André Malraux dans les années 60 (avec une inauguration en 1970), à savoir la coexistence d’une école d’art, d’un centre d’art, d’un programme de résidences au sein d’une architecture exceptionnelle. Le centre d’art est au cœur de ce dispositif et joue un rôle moteur dans l’expérimentation des pratiques de l’art.

Christian Bernard est remplacé par Michel Bourrel en 1994. Ce dernier prolonge la programmation en s’appuyant essentiellement sur des expositions monographiques, et en perpétuant le travail de révélation d’artistes issus de l’école. Arrivée en 1999, Laurence Gateau renoue avec des expositions thématiques ambitieuses .

Sur le plan international, la Villa Arson a collaboré avec Vox, le Centre de l’Image et de la Photographie de Montréal pour l’exposition de Iain Baxter&, tandis que les expositions de Jeremy Deller et de Gino De Dominicis ont été respectivement reprises au centre d’art de De la Warr Pavilion à Bexhill on Sea et à la Fondation Merz à Turin, puis à PS1 à New York.

Quelques expositions

Argens sur Decaux de Bertrand Lavier, 1990
Argens sur Decaux de Bertrand Lavier, 1990
  • 1986 Tableaux abstraits
  • 1988-1991 Sous le Soleil
  • 1991 No Man’s time
  • 1993 Principe de réalité
  • 2002 Import/Export
  • 2004 Re : Location 1-7 / Shake
  • 2006 Intouchable, L’Idéal Transparence
  • 2007 A Moitié Carré, A Moitié Fou
  • 2008 Ne pas jouer avec des choses mortes
  • 2010 Double bind / Arrêtez d'essayer de me comprendre !
  • 2011 Le Temps de l'Action : Une recherche sur l'histoire de la performance sur la Côte d'Azur de 1951 à nos jours

Les œuvres in situ

Au grès des expositions et de commandes publiques, le site présente plusieurs oeuvres in situ:

  • Le mobilier de jardin de Siah Armajani, 1990 - commande publique de l’État
  • Pyramid for Villa Arson de Dan Graham, 1989 - dépôt de l’artiste
  • Argens sur Decaux de Bertrand Lavier, 1990 - dépôt de l’artiste
  • 90° à l’ombre de François Morellet, 1989 - dépôt de l’artiste
  • Nice, Nice de Maurizio Nannucci, 1990, dépôt de l’artiste
  • Quatre points de vue, terrasse numéro 4 de Felice Varini, 1988 - dépôt du F.N.A.C.
  • Sous le plafond (sur le sol exactement) de Michel Verjux, 1988 - dépôt du F.N.A.C.

Voir aussi Les films d' Ann ; le cinéma de Nezumi; les Artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal