Temple de Preah Vihear

Un article de Nezumi.

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Le temple de Preah Vihear, est situé au Cambodge dans la province à laquelle il donne nom.

Il a été érigé dans la première moitié du IXe siècle. Il est dédié à Shiva.

Le temple est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis le 7 juillet 2008.

Il est depuis longtemps la source d’un conflit frontalier entre le Cambodge et la Thaïlande.

Le temple

En khmer, prasat veut dire "château" et, dans le cas présent, par extension, "temple". Ce terme est toutefois rarement utilisé pour se référer à Preah Vihear.

Les Thaïlandais ont appelé Khao Phra Wihan la zone située sur leur pays en référence au même temple qu'ils revendiquent. Le temple a donné son nom à la province cambodgienne sur laquelle il est implanté, mais aussi au parc national Khao Phra Wihan dans la province thaïlandaise de Si Saket qui le jouxte.

Par le Cambodge, on peut accéder au temple depuis Tbeng Meanchey dans la province de Preah Vihear ou, depuis Siem Reap, en passant par Anlong Veng. Depuis la Thaïlande, l’accès est plus facile et se fait par le district de Kantharalak, dans la province de Si Saket. Toutefois, l’entrée du temple est fermée dès que les relations se refroidissent entre les deux pays (émeutes anti-thaïes à Phnom Penh en janvier 2003, enregistrement du temple par l’UNESCO en juillet 2008…)

Le temple est un ensemble architectural khmer exceptionnel composé de plusieurs gopuras reliés entre eux par des voies et des escaliers sur environ 800 mètres dans un environnement naturel grandiose. En tant qu’élément clé de la vie spirituelle, il a été modifié par les rois successifs, ce qui lui permet de faire cohabiter des éléments de plusieurs styles architecturaux. Contrairement aux autres temples khmers, Preah Vihear est construit sur un axe nord-sud qui le démarque des plans conventionnels rectangulaires tournés vers l’est.

Le site consiste essentiellement en une chaussée et des marches à gravir pour accéder au sanctuaire qui trône au sommet d’une falaise de la chaine des Dângrêk au sud du site, à 120 mètres au-dessus de la partie nord, 525 de la plaine cambodgienne et à 625 mètres du niveau de la mer.

Ce temple est situé approximativement au milieu d’une trajectoire reliant Vat Phu à Angkor. Il n’est pas, contrairement à tous les autres grands monuments khmers le centre d’une cité agraire (pas de douves, un petit Baray, pas de rizières…) mais un vaste centre de pèlerinage, de retraite. Néanmoins, même si sa structure diffère de celle des temples montagnes que l’on trouve à Angkor, ils ont la même fonction, à savoir une représentation du Mont Meru, la demeure des dieux.

Le départ commence par une rampe de grès puis un escalier de 162 marches agrémenté d’énormes nâgas. L’allée débouche sur le premier des quatre gopuras qui agrémentent le site. Chaque gopura comprend des marches qui le mettent à un niveau plus élevé que le précédent. Les gopuras empêchent aussi le visiteur de pouvoir voir la partie suivante du temple tant qu’il n’a pas passé le portail. Il est ainsi impossible de voir l’ensemble du site depuis un point quelconque.

Le premier gopura, de style Koh Ker, garde des traces de la peinture rouge qui le décorait à l’origine, alors que le toit de tuiles a maintenant disparu. Il s’agit d’un petit bâtiment cruciforme avec quatre portes donnant chacune sur un préau composé uniquement de piliers. La porte sud s’ouvre vers une nouvelle allée de 500 mètres menant au deuxième gopura. On remarquera aussi, à l’est, un petit réservoir d’eau (Baray).

Le deuxième gopura est juché sur une pyramide tronquée d’une vingtaine de gradins. Érigé à l’époque du Baphûon, le bâtiment diffère du précédent. Son fronton extérieur sud comporte un des chefs-d’œuvre de Preah Vihear, à savoir une représentation du barattage de la mer de lait. Une nouvelle allée, plus courte que les précédentes s’ouvre au sud et conduit au gopura suivant.

Le troisième gopura est installé sur un soubassement similaire au second, mais avec des dimensions et un volume beaucoup plus importants, car il soutient aussi les grandes ailes que l’on a construites à l’est et à l’ouest du bâtiment cruciforme. Il ré-adopte le style de frontons triangulaires du premier gopura abandonné sur le second. Il contient aussi la première des cours du site.

Le quatrième gopura mène directement au grand mandapa (littéralement : « vestibule »).

Enfin, comparé aux autres bâtiments du site, le sanctuaire central est de dimensions relativement modestes. Il est composé d’une tour centrale ouvrant sur un petit mandapa, et entourée par une galerie muraille dans laquelle on ne peut rentrer que par les fenêtres.

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Légende:



13. Balustrade à Nagas
15. Bâtiment Ouest
16. Bâtiment Est
17. Galeries
18. Sanctuaire

7. 2nde Chaussée à piliers
8. Réservoir à la tête de lion
10. Tour
11. Extension en U
12. Palais

A. Gopura I
B. Gopura II
C. Gopura III
D. Gopura IV
E. Gopura V

1. Escalier monumental
2. Plate forme des Nagas
4. Grand réservoir
5. 1ère Chaussée à piliers

Histoire

Les premières constructions sur le site sont attestées par des éléments gravés qui font état d’un ermitage bâti au début du IXe siècle depuis un lingam rapporté de Vat Phu au Laos. À ce moment-là et dans les siècles qui suivront, le temple est dédié au dieu hindou Shiva. Les inscriptions attribuent la fondation de cet ermitage à l'un des fils de Jayavarman II, le prince Indrâyadha, agissant sur l'injonction de Shiva lui-même. La plus ancienne partie encore visible date de l’époque de Koh Ker et plus précisément du règne de Yasovarman I, au début du Xe siècle. D’autres éléments de style Banteay Srei (fin du Xe siècle) peuvent être admirés, mais la majeure partie du temple date des règnes de Suryavarman I (1002 – 1050) et Suryavarman II (1113 – 1150).

À la fin du XIIIe siècle, alors que l’hindouisme est en plein déclin, le temple est converti et dédié, comme la plupart de ses homologues, au bouddhisme theravâda. L’empire khmer, après avoir atteint son apogée, amorça à partir du XIIIe siècle son long déclin alors que le royaume de Sukhothaï à l’ouest démarrait son ascension qui allait aboutir à la création du Siam puis de l’État actuel de Thaïlande. Dans le même temps, à l’est, le Viêt Nam s’étendait vers le sud. Ces deux expansions se firent au détriment de l’empire khmer. Quand au milieu du XIXe siècle les Français s’installèrent dans la région, le Cambodge actuel était passé sous suzeraineté siamoise.

En 1867, un traité franco-thaï est signé par lequel le Siam renonce à sa suzeraineté sur le Cambodge en échange de la reconnaissance du protectorat français et de la pleine souveraineté siamoise sur les provinces de Battambang, Siem Reap, Banteay Mean Chey et Otdar Mean Cheay. Toutefois, la perte de ces quatre provinces est remise en cause, notamment en 1903 où lors de la visite en France du roi Rama V, il est proposé de les échanger contre celle de Trat et le district d’Amphoe Dan Sai annexés entre temps par la France et de créer une commission mixte chargée de régler de manière définitive les problèmes de frontière.

Le 13 février 1904, la commission est créée et officiellement chargée de délimiter la frontière entre les deux états. Il fut convenu par les deux gouvernements que la rédaction des cartes serait confiée à la France le Siam ne disposant pas alors des moyens techniques suffisant pour le faire, et que près du temple, le groupe s’efforcerait de prendre la ligne de crête des Monts Dângrêk comme frontière, ce qui aurait placé le temple du côté thaïlandais.

En 1907, après un travail sur le terrain, des fonctionnaires français dressèrent les cartes. Toutefois, les relevés topographiques, qui furent envoyées aux autorités siamoises et sur lesquels s’appuiera la décision de la cour internationale de justice en 1962, montraient que la frontière s’éloignait de la ligne de crête dans le secteur de Preah Vihear et mettaient le temple du côté cambodgien. En fait, sur la carte correspondante, le temple était visible et la frontière était clairement dessinée au nord de celui-ci. Malgré cela, le Siam utilisa ces cartes, ce qui lui sera reproché plus tard.

Durant la Seconde Guerre mondiale, profitant de la défaite de la France face à l'Allemagne, la Thaïlande récupéra, le 9 mai 1941, les provinces qu’elle avait perdues au début du XXe siècle. Même si elle les rendit en novembre 1947, cela montra qu’elle n’avait en rien abandonné l’espoir de retrouver un jour le terrain perdu sur les puissances coloniales.

En 1953, après l’indépendance du Cambodge, le temple est occupé par l’armée thaïe et rattaché au village de Bhumsrol dans la province de Si Saket, et ce jusqu’en 1962, date à laquelle le Cambodge retrouve sa souveraineté sur le site grâce à un arrêt de la cour internationale de justice. Le temple dépend alors du village de Svay Chrum, dans la province qui prend le nom de Preah Vihear.

Durant la guerre civile cambodgienne qui débuta en 1970, la position du temple au sommet d’une falaise le rendait facile à défendre d’un point de vue militaire. Les soldats fidèles au gouvernement de Lon Nol conservèrent la position alors que la plaine en bas était depuis longtemps tombée aux mains des forces communistes. Après la chute de Phnom Penh, le 17 avril 1975, le site resta encore aux mains des forces républicaines. Ce n’est que le 22 mai 1975, après plusieurs tentatives infructueuses, que les khmers rouges purent investir le temple qui devint la dernière place cambodgienne à tomber entre leurs mains.

La guerre reprit au Cambodge en décembre 1978, quand l’armée vietnamienne envahit le pays et que les troupes fidèles à Pol Pot se retirèrent dans les zones frontalières. Les actions de guérilla continuèrent au Cambodge dans les années 1980 et une grande partie des années 1990 rendant l’accès à Preah Vihear dangereux. Le temple sera brièvement rouvert au public en 1992 avant d’être réoccupé l’année suivante par les combattants khmers rouges. En décembre 1998, le temple sera le théâtre d’une négociation durant laquelle plusieurs centaines de soldats représentant le gros des dernières forces khmères rouges signèrent leur reddition devant les officiels de Phnom Penh. Le temple est alors rouvert au public depuis le côté thaï, avant qu’en 2003 le Cambodge termine la route d’accès par la falaise.

Le 8 juillet 2008, le Comité d’évaluation des patrimoines mondiaux de l’UNESCO décide, malgré les protestations thaïlandaises, de rajouter Preah Vihear dans la liste du patrimoine de l’humanité. À l’endroit où est situé le temple, la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande est délimitée par la ligne de crête des monts Dângrêk, sauf en ce qui concerne Preah Vihear, qui apparaît comme une enclave sur le versant nord-ouest. Cette position a été une source de nombreux litiges et le temple a souvent changé de nationalité.

Début 2011, des échanges de tirs ont lieu aux alentours du temple, entre soldats cambodgiens et thaïlandais. Cinq personnes sont tuées lors de la première semaine de février, des milliers de villageois évacués, et le 6 février l'armée cambodgienne publie un communiqué indiquant qu'une aile du temple s'est effondrée sous des bombardements thaïlandais. En 2016, il n'est toujours pas possible de visiter le temple côté Thaïlande.

Inscription au patrimoine mondial de l'Unesco

Citation

Le temple de Preah Vihear, dédié à Shiva, se trouve au bord d’un plateau qui domine la plaine du Cambodge. Composé d'une série de sanctuaires reliés par un système de chaussées et d'escaliers s'étendant sur un axe de 800 m, le temple date de la première moitié du XIe siècle. Son histoire complexe remonte cependant au IXe siècle, époque à laquelle un ermitage a été fondé. Ce site est particulièrement bien préservé, essentiellement en raison de sa situation reculée. L'ensemble est exceptionnel pour son architecture, adaptée à la fois aux contraintes naturelles du site et aux fonctions religieuses du temple, ainsi que pour la qualité des ornementations de pierre sculptée.

Le Temple de Preah Vihear, ensemble architectural unique composé d’une série de sanctuaires reliés entre eux par un système de chaussées et d’escaliers le long d’un axe de 800 mètres, est un chef-d’œuvre remarquable de l’architecture khmère, de par sa topographie, ses décors et sa relation avec le cadre naturel spectaculaire.

Critère (I) : Preah Vihear est un chef-d’œuvre remarquable de l’architecture khmère. Il est très « pur » dans sa configuration comme dans la finesse de ses décors.

L’authenticité a été établie du fait que les édifices et leurs matériaux expriment parfaitement les valeurs du bien. Les attributs du site sont constitués par l’ensemble du temple ; l’intégrité du bien est compromise, dans une certaine mesure, par l’absence d’une partie du promontoire dans le périmètre du bien. Les mesures de protection du temple sont satisfaisantes en termes de protection juridique ; les progrès réalisés pour définir les paramètres du plan de gestion doivent être consolidés dans un plan de gestion complet approuvé.

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Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal