Slip of the Tongue
Un article de Nezumi.
Slip of the Tongue, exposition réalisé en 2015, à la Fondation Pinault, Punta della Dogana
Conçue par Danh Vo en collaboration avec Caroline Bourgeois.
Propos
Le cœur historique de l’exposition est constitué d’œuvres provenant d’institutions vénitiennes : le Musée de l’Accademia et l’Institut d’Histoire de l’art de la Fondation Giorgio Cini. Elles portent, de façon emblématique, les stigmates des processus qui, tout en les préservant, les ont altérées, renouvelant leurs formes. Les remaniements infligés furent parfois brutaux : ainsi ces fragments de tableaux mutilés, réduits pour les besoins de leur « adaptation » à un changement de décor. Ou bien ces peintures en miniature provenant du découpage (« Cutting ») des livres de chœur enluminés par des moines-artistes.
C’est dans ces « fourches de histoire » que s’inscrit « Slip of the Tongue ». Le titre de l’exposition (en français : lapsus, langue qui fourche) est emprunté à celui de l’une des œuvres de l’artiste Nairy Baghramian (née en 1971) avec qui Danh Vo est en active conversation et dont sont présentées trois installations. Le cœur de l'exposition est constitué de deux extraordinaires ensembles de l’artiste américaine Nancy Spero. Codex Artaud (1971-72) : trente-quatre fragiles rouleaux composés de bandes de papier recueillent une forme hybride d’écriture-dessin-peinture. Ils peuvent se lire comme une entreprise de restauration, par l’artiste américaine, de la fureur et la frustration dont l’écrivain français Antonin Artaud a fait l’incandescence de sa langue. Cri du Cœur (2004), l’ultime installation monumentale de l’artiste, exprime la douleur intime du deuil, « adaptée » c’est à dire adressée aux milliers de personnes frappées au même moment par les désastres guerriers ou environnementaux, ces anonymes avec lesquelles elle opère le lien.
L’articulation entre la dimension interpersonnelle de la relation et sa dimension sociale tisse également les projets d'expositions qu’a précédemment menés Danh Vo, autour d’artistes qu’il n’a pas forcément connus, comme Felix Gonzalez-Torres (2009, centre d’art contemporain Wiels, Bruxelles), Martin Wong (2013, Solomon R. Guggenheim Museum, New York) ou de Julie Ault, son amie (2013, Artists Space, New York). Avant d’être celui de tous, l’enjeu individuel retentit aussi dans la présentation d’objets qui, tels les chandeliers de la salle de bal de l’Hotel Majestic à Paris, furent les témoins muets de la ronde des négociations décidant de l’avenir du Vietnam, en 1975 ; l’année même où naissait l’artiste, dans ce même pays. Ainsi, c’est peut-être aussi en tant que commissaire que Danh Vo est le plus artiste.
Artistes présentés
- Leonor Antunes
- Julie Ault
- Nairy Baghramian
- Giovanni Bellini
- Constantin Brancusi
- Marcel Broodthaers
- Giovanni Buonconsiglio
- Jos De Gruyter & Harald Thys
- Hubert Duprat
- Elmgreen & Dragset
- Luciano Fabro
- Peter Fischli et David Weiss
- Felix Gonzalez-Torres
- Petrit Halilaj
- David Hammons
- Roni Horn
- Peter Hujar
- Tetsumi Kudo
- Bertrand Lavier
- Zoe Leonard
- Francesco Lo Savio
- Lee Lozano
- Robert Manson
- Piero Manzoni
- Sadamasa Motonaga
- Jean-Luc Moulène
- Henrik Olesen
- Pablo Picasso
- Sigmar Polke
- Carol Rama
- Charles Ray
- Auguste Rodin
- Cameron Rowland
- Carlo Scarpa
- Andres Serrano
- Nancy Spero
- Elaine Sturtevant
- Alina Szapocznikow
- Paul Thek
- Danh Vo
- David Wojnarowicz
- Martin Wong
Galerie
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Nancy Spero, Codex Artaud, 1971-1972