Nancy Holt

Un article de Nezumi.

(Différences entre les versions)
Version actuelle (23 avril 2020 à 20:04) (modifier) (défaire)
(++)
 
Ligne 1 : Ligne 1 :
-
'''Nancy Holt''', née en [[1938]] à Worcester (Massachusetts) est une artiste plasticienne, une photographe et une cinéaste [[États-Unis|américaine]].
+
'''Nancy Holt''', née le 5 avril 1938 à Worcester dans le Massachusetts et morte à New York le 8 février 2014, est une artiste plasticienne, une photographe et une cinéaste américaine.
-
Son travail pérennise les œuvres de [[Smithson]] et [[Heizer]], dans le Nevada, et ce faisant, décide de labourer elle-même le champ du [[land art]]. À partir de 1972, elle retrouve les pas des architectes médiévaux lorsqu’elle pose des cylindres sur l’étendue plate du désert, où viendront se nicher les rayons solaires durant les solstices d’été et d’hiver ; il s’agit de '''Sun Tunnels''' (1973-1976, Great Bassin Desert, Utah), elle fait du soleil un partenaire de sa création.
+
===Biographie et œuvre===
-
Veuve de [[Robert Smithson]] », '''Nancy Holt''' reste peu connue pour son travail personnel. Son œuvre s’inscrit dans une période charnière, la deuxième moitié des années 60, les artistes investissent des lieux extérieurs à l’atelier et où la photographie acquiert valeur d’œuvre, où le film et la vidéo deviennent des outils créateurs.D’abord Photographe, elle envisagea directement son travail de sculptrice en terme d’espace extérieur et de perception.
+
Son travail pérennise les œuvres de [[Robert Smithson]] et [[Michael Heizer]], dans le Nevada, et ce faisant, décide de labourer elle-même le champ du [[land art]]. À partir de 1972, elle retrouve les pas des architectes médiévaux lorsqu’elle pose des cylindres sur l’étendue plate du désert, où viendront se nicher les rayons solaires durant les solstices d’été et d’hiver ; il s’agit de '''Sun Tunnels''' (1973-1976, Great Bassin Desert, Utah), elle fait du soleil un partenaire de sa création.
-
Selon Colette Garraud dans ''L’Idée de nature dans l’art contemporain'', Nancy Holt et ses Sun Tunnels touchent à notre perception des formes, par la saisie des phénomènes les plus fugaces à travers ses cadrages. Elle s’est inspirée du tableau de [[Caspar David Friedrich]], ''Femme au soleil couchant''.
+
Veuve de Robert Smithson, Nancy Holt reste peu connue pour son travail personnel. Son œuvre s’inscrit dans une période charnière, la deuxième moitié des années 60, où les artistes investissent des lieux extérieurs à l’atelier et où la photographie acquiert valeur d’œuvre, où le film et la vidéo deviennent des outils créateurs.D’abord Photographe, elle envisagea directement son travail de sculptrice en terme d’espace extérieur et de perception.
 +
 
 +
Selon Colette Garraud dans ''L’Idée de nature dans l’art contemporain'', Nancy Holt et ses Sun Tunnels touchent à notre perception des formes, par la saisie des phénomènes les plus fugaces à travers ses cadrages. Elle s’est inspirée du tableau de Caspar David Friedrich, ''Femme au soleil couchant''.
 +
 
 +
'''''Sun Tunnels'''''
-
== Nancy Holt et ses ''Sun Tunnels'' ==
 
L’œuvre résulte d’une adéquation aux conditions physiques, géologiques (relatifs à la science des matériaux qui constituent le globe terrestre, en particulier ceux directement accessibles à l’observation) ou géodésiques (relatifs à la science de la forme et des dimensions de la Terre) dues à la localisation du site, dont elle devient le reflet ou le faire-valoir.
L’œuvre résulte d’une adéquation aux conditions physiques, géologiques (relatifs à la science des matériaux qui constituent le globe terrestre, en particulier ceux directement accessibles à l’observation) ou géodésiques (relatifs à la science de la forme et des dimensions de la Terre) dues à la localisation du site, dont elle devient le reflet ou le faire-valoir.
-
Quatre buses de 6 mètres de long et de 2.5 mètres de haut ont été spécialement construites pour cette oeuvre. Elles se font face par paires autour d'un espace vide. Elles sont orientées en fonction des solstices d'été et d'hiver. Durant environ dix jours, le soleil se lève dans la canalisation Sud-est et peut être vu à travers celle du Nord-ouest. Au solstice d'été, le lever et le coucher du soleil sont dans l'alignement des tuyaux Nord-est/Sudest et Nord-ouest/Sud-est. Des trous ont été creusés à la surface des buses de manière à ce qu'elles forment des constellations. Leur taille est en fonction de l'importance des étoiles et les taches de lumière qui perçent l'intérieur des buses reproduisent leurs figures qui se déplacent le jour avec le mouvement du soleil et la nuit avec celui de la [[lune]].
+
Quatre buses de 6 mètres de long et de 2.5 mètres de haut ont été spécialement construites pour cette œuvre. Elles se font face par paires autour d'un espace vide. Elles sont orientées en fonction des solstices d'été et d'hiver. Durant environ dix jours, le soleil se lève dans la canalisation Sud-est et peut être vu à travers celle du Nord-ouest. Au solstice d'été, le lever et le coucher du soleil sont dans l'alignement des tuyaux Nord-est/Sudest et Nord-ouest/Sud-est. Des trous ont été creusés à la surface des buses de manière à ce qu'elles forment des constellations. Leur taille est en fonction de l'importance des étoiles et les taches de lumière qui perçent l'intérieur des buses reproduisent leurs figures qui se déplacent le jour avec le mouvement du soleil et la nuit avec celui de la lune.
 +
 
 +
L'objectif de Nancy Holt est de procurer au spectateur la sensation de son appartenance au Cosmos. Cet effet est obtenu d'abord par l'orientation des 4 tunnels . Lorsque l'observateur avance le long de l'axe des buses,il voit d'abord le paysage fragmenté, puis, par un changement d'échelle, l'image observée est celle d'un paysage singulier mais aussi celle de notre planète dans le cosmos. Cette impression est renforcée par les taches de lumière projetées par les orifices ménagés dans la partie supérieure des buses,représentant les constellations, qui tournent lentement avec le soleil.
-
Selon Anne-Francoise Penders,l'objectif de Nancy Holt est de procurer au spectateur la sensation de son appartenance au [[Univers|Cosmos]]. Cet effet est obtenu d'abord par l'orientation des 4 tunnels . Lorsque l'observateur avance le long de l'axe des buses,il voit d'abord le paysage fragmenté, puis, par un changement d'échelle, l'image observée est celle d'un paysage singulier mais aussi celle de notre planète dans le cosmos. Cette impression est renforcée par les taches de lumière projetées par les orifices ménagés dans la partie supérieure des buses,(représentant les constellations) qui tournent lentement avec le soleil.
+
Nancy Holt refuse de réduire sa démarche à un travail sur la lumière et ses transformations: ''Mon travail'', dit-elle, ''porte sur la perception et l’espace. La lumière est quelque chose que j’ai étudié parce que je pensais à la vision.''<br>C’est pour suivre les différentes positions du soleil que Nancy Holt a imaginé les Sun Tunnels. C’est une œuvre qui entretient un rapport explicite avec le temps, mais également avec le paysage, car ces énormes buses sont, des « locators » dans lesquels on peut se tenir debout à l’abri du vent ou du soleil, comme au fond d’un gigantesque oculus ; On a l’impression d’un paysage qui glisse sur lui- même tant l’immensité du terrain, bordé au loin par quelques crêtes montagneuses, n’offre aucun repère particulier permettant de s’orienter et de fixer son regard.
-
On insiste généralement sur l’intérêt de Nancy Holt pour la lumière et ses transformations. Tout en reconnaissant cet intérêt, elle refuse pourtant d’y réduire sa démarche : »Mon travail, dit-elle, porte sur la perception et l’espace. La lumière est quelque chose que j’ai étudié parce que je pensais à la vision. » C’est pour suivre les différentes positions du soleil que Nancy Holt a imaginé les Sun Tunnels. C’est une œuvre qui entretient un rapport explicite avec le temps, mais également avec le paysage, car ces énormes buses sont, des « locators » dans lesquels on peut se tenir debout à l’abri du vent ou du soleil, comme au fond d’un gigantesque oculus ; On a l’impression d’un paysage qui glisse sur lui- même tant l’immensité du terrain, bordé au loin par quelques crêtes montagneuses, n’offre aucun repère particulier permettant de s’orienter et de fixer son regard nous dit Gilles A. Tibergien dans ''[[Land Art]]''.}
+
<center>{{imgdir|holtsun.jpg}}</center>
 +
{{DEFAULTSORT:Holt}}
-
[[Catégorie:Plasticien contemporain américain|Holt, Nancy]]
+
[[Catégorie:Plasticien contemporain américain|Holt]]
-
[[Catégorie:Land Art|Holt, Nancy]]
+
[[Catégorie:Land Art]]
-
[[Catégorie:Naissance en 1938|Holt, Nancy]]
+
[[Catégorie:Naissance en 1938]]
 +
[[Category:Décès en 2014]]

Version actuelle

Nancy Holt, née le 5 avril 1938 à Worcester dans le Massachusetts et morte à New York le 8 février 2014, est une artiste plasticienne, une photographe et une cinéaste américaine.

Biographie et œuvre

Son travail pérennise les œuvres de Robert Smithson et Michael Heizer, dans le Nevada, et ce faisant, décide de labourer elle-même le champ du land art. À partir de 1972, elle retrouve les pas des architectes médiévaux lorsqu’elle pose des cylindres sur l’étendue plate du désert, où viendront se nicher les rayons solaires durant les solstices d’été et d’hiver ; il s’agit de Sun Tunnels (1973-1976, Great Bassin Desert, Utah), elle fait du soleil un partenaire de sa création.

Veuve de Robert Smithson, Nancy Holt reste peu connue pour son travail personnel. Son œuvre s’inscrit dans une période charnière, la deuxième moitié des années 60, où les artistes investissent des lieux extérieurs à l’atelier et où la photographie acquiert valeur d’œuvre, où le film et la vidéo deviennent des outils créateurs.D’abord Photographe, elle envisagea directement son travail de sculptrice en terme d’espace extérieur et de perception.

Selon Colette Garraud dans L’Idée de nature dans l’art contemporain, Nancy Holt et ses Sun Tunnels touchent à notre perception des formes, par la saisie des phénomènes les plus fugaces à travers ses cadrages. Elle s’est inspirée du tableau de Caspar David Friedrich, Femme au soleil couchant.

Sun Tunnels

L’œuvre résulte d’une adéquation aux conditions physiques, géologiques (relatifs à la science des matériaux qui constituent le globe terrestre, en particulier ceux directement accessibles à l’observation) ou géodésiques (relatifs à la science de la forme et des dimensions de la Terre) dues à la localisation du site, dont elle devient le reflet ou le faire-valoir.

Quatre buses de 6 mètres de long et de 2.5 mètres de haut ont été spécialement construites pour cette œuvre. Elles se font face par paires autour d'un espace vide. Elles sont orientées en fonction des solstices d'été et d'hiver. Durant environ dix jours, le soleil se lève dans la canalisation Sud-est et peut être vu à travers celle du Nord-ouest. Au solstice d'été, le lever et le coucher du soleil sont dans l'alignement des tuyaux Nord-est/Sudest et Nord-ouest/Sud-est. Des trous ont été creusés à la surface des buses de manière à ce qu'elles forment des constellations. Leur taille est en fonction de l'importance des étoiles et les taches de lumière qui perçent l'intérieur des buses reproduisent leurs figures qui se déplacent le jour avec le mouvement du soleil et la nuit avec celui de la lune.

L'objectif de Nancy Holt est de procurer au spectateur la sensation de son appartenance au Cosmos. Cet effet est obtenu d'abord par l'orientation des 4 tunnels . Lorsque l'observateur avance le long de l'axe des buses,il voit d'abord le paysage fragmenté, puis, par un changement d'échelle, l'image observée est celle d'un paysage singulier mais aussi celle de notre planète dans le cosmos. Cette impression est renforcée par les taches de lumière projetées par les orifices ménagés dans la partie supérieure des buses,représentant les constellations, qui tournent lentement avec le soleil.

Nancy Holt refuse de réduire sa démarche à un travail sur la lumière et ses transformations: Mon travail, dit-elle, porte sur la perception et l’espace. La lumière est quelque chose que j’ai étudié parce que je pensais à la vision.
C’est pour suivre les différentes positions du soleil que Nancy Holt a imaginé les Sun Tunnels. C’est une œuvre qui entretient un rapport explicite avec le temps, mais également avec le paysage, car ces énormes buses sont, des « locators » dans lesquels on peut se tenir debout à l’abri du vent ou du soleil, comme au fond d’un gigantesque oculus ; On a l’impression d’un paysage qui glisse sur lui- même tant l’immensité du terrain, bordé au loin par quelques crêtes montagneuses, n’offre aucun repère particulier permettant de s’orienter et de fixer son regard.

holtsun.jpg

Voir aussi Les films d' Ann ; le cinéma de Nezumi; les Artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal