Mur de Berlin

Un article de Nezumi.

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Sommaire

Le mur de Berlin a séparé la ville de Berlin d'août 1961 à novembre 1989.

Pourquoi ?

Des raisons économiques :Des millions de personnes fuient la RDA pour une vie qu'ils espèrent meilleure. Une véritable hémorragie pour la zone soviétique, que les historiens chiffrent entre 2,6 et 3 millions d'hommes, de femmes et d'enfants. Dans les années 70, le pays ne compte que 17 millions d'habitants. Ceux qui s'en vont "votent avec leurs pieds", quittant tout du jour au lendemain, même s'ils sont assurés de devenir automatiquement citoyens de la République fédérale. Le choix est parfois déchirant: des familles se divisent, des couples se séparent, l'un des deux conjoints préférant partir, l'autre décidant de rester.

Des raisons politiques :L'affaire est une question essentielle pour la survie du régime communiste. Ceux qui partent appartiennent aux forces vives de la République. Ils ont souvent reçu une formation. Ce sont donc autant d'éléments qui manquent pour la construction de la "patrie socialiste". Peu à peu, l'idée fait son chemin de construire une barrière pour mettre un terme à la marée humaine qui quitte le pays. En 1961, craignant la suppression des couloirs aériens, les réfugiés fuient en plus grand nombre encore par les points de passage de l'ex-capitale. Aujourd'hui encore, on ne sait pas exactement qui a pris la décision de construire le Mur, de Khrouchtchev ou de son affidé est-allemand, le très stalinien Walter Ulbricht. Le 15 juin 1961, lors d'une rencontre avec la presse internationale, il déclare: "personne n'a l'intention de construire un mur. Les maçons de notre capitale sont d'abord occupés à construire des logements et leur force de travail est entièrement consacrée à cette tâche"

Moins de deux mois plus tard, au matin du 15 août 1961, policiers et militaires de la RDA barrent totalement les accès de Berlin-Ouest. Dans les jours qui suivent est érigé un mur flanqué de barbelés qui coupe la ville en deux.

La tension entre États-Unis et URSS est à son comble. Le 27 juin 1963, le président américain, John F. Kennedy effectue un déplacement à Berlin-Ouest. Il se rend au Mur de la honte en compagnie du très populaire bourgmestre social-démocrate, Willy Brandt, futur chancelier et prix Nobel de la paix.

Il prononce alors un discours dans lequel il déclare en allemand: "Ich bin ein Berliner", "Je suis un Berlinois". Une citation, restée fameuse, qui fait savoir aux Soviétiques et au reste du monde que les États-Unis n'abandonneront pas la ville divisée.

Plusieurs génération de murs

Pendant un an, les évasions seront si nombreuses à travers le mur que la RDA renforcera le dispositif

  • 1961-1ère génération : L'essentiel du mur est composé de barbelés avec à certains endroits des murs de briques surmontés de frises de barbelées.
  • 1962-2ème génération : Le mur est réalisé sur 15 Km de long : des barricades sont érigées sur 130 Km, 165 miradors et 232 blockhaus surveillent les frontières.
  • 1976-3ème génération : Ce mur de 3,60 m de haut est précèdé d'une zone large de 40 m à 1,5 Km, ce qui fait que les Allemands de l'Est ne pourront pas approcher le mur.
  • 1989-4ème génération : Les autorités de l'est préparent le mur high-tech : intégrer un système de surveillance électronique. Les populations de l'Est en décideront autrement.

La vie des Berlinois a l'époque du Mur de Berlin

Il y a eu des manifestations à l'Ouest pendant quelques jours. Mais les Berlinois de l'Ouest doivent se résigner à la présence du Mur. Des maisons sont abandonnées, délabrées ou même squattées. Berlin Ouest perd environ 340 000 habitants, mais elle survit grâce aux subventions de la RFA. Berlin Ouest appellera la main d'œuvre immigrée pour compenser la perte des habitants. En décembre 1963, le Sénat a obtenu l'accord des autorités allemandes de l'Est pour permettre à des milliers de Berlinois de l'Ouest de rendre visite à leurs proches pour les fêtes de fin d'année, ou pour des événements (naissances, mariage, décès…).

En novembre 1964, les retraités peuvent rendre visite à leur famille habitant de l'autre côté. Ils constituent la majorité des 383 181 Est Allemands ayant une autorisation pour franchir le mur. En 1968, les voyageurs de l'Ouest doivent avoir un passeport et un visa, s'ils veulent se rendre de l'autre côté.

Les évasions

Depuis la construction du mur, 5043 Allemands de l'Est réussissent à passer, parmi eux 574 gardes frontières fuiront leurs postes. Environ 6000 personnes furent emprisonnées pour avoir essayer de franchir le Mur ou pour avoir prémédité leurs fuites. Parmi les personnes qui ont tenté de franchir le Mur on peut remarquer certains moyens assez spectaculaires.

Pendant la première année de sa construction, le mur sera défoncé 14 fois par des poids lourds. En 1961, 24 personnes réussissent à franchir le mur en train. En 1962, 14 Berlinois de l'Est enivrent le capitaine d'un bateau et réussissent à traverser la Spree malgré les coups de feu. Mais l'évasion la plus spectaculaire reste celle de 1964 : 57 Berlinois de l'Est réussissent à franchirent en passant en dessous du mur. Ils sont passés dans un tunnel de 140 mètres. Parmi les procédés la voiture permet aussi de s'échapper.

Les victimes du mur

En 28 ans d'existence, le mur a causé 239 victimes. Des personnes essayant de passer le Mur illégalement ont été abattues par des gardes, d'autres se sont noyées dans la Spree et d'autres se sont suicidées.

La chute du mur

En 1989, la division politique de la planète, établie à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, s'effondre. A partir de l'été 1989, des événements majeurs se sont succédés

  • Mai : Des manifestations ont lieu en Allemagne de l'Est (RDA) pour protester contre la fraude électorale
  • Août : Le gouvernement hongrois ouvre sa frontière avec l'Autriche. Des dizaines de milliers de travailleurs de toute l'Europe de l'Est passent en Occident.
  • Octobre : Alors que la RDA s'apprête à "fêter" le quarantième anniversaire du régime stalinien, des manifestations de masse, fortes de centaines de milliers de participants, secouent le pays. Lâché par les soviétiques, le dirigeant de la RDA, Honecker, démissionne.
  • Le 9 novembre 1989 s'ouvre le "Mur de la honte" , symbole de la division de l'Europe...

Un communiqué officiel annonçait qu'on pouvait passer "par tous les postes frontaliers entre la RDA et la RFA ou Berlin-Ouest". Des milliers de citoyens est-allemands se ruent alors de "l'autre côté" pour la première fois de leur vie.

Après la chute

Quelques heures après l'annonce de l'ouverture du Mur, plus de 100.000 ressortissants de la RDA passent alors à l'Ouest à pied ou en Trabant, ces fameux véhicules munies de pétaradants moteurs deux temps. Ils traversent les "checks points", les points de contrôle, voire escaladent le mur, aux nez et à la barbe des Volskpolizisten (Vopos, policiers de la RDA) pourtant ordinairement redoutés, mais là complètement dépassés. Ils sont accueillis par une foule en délire, qui leur tend la main et des verres de champagne. Toute la nuit, et les jours qui suivent, c'est la fête. Une fête gigantesque et spontanée. Certains armés de pioche s'attaquent au Mur honni et en font tomber des pans entiers sous les hourras des spectateurs. Les télés du monde entier accourent à Berlin pour filmer ces scènes d'allégresse d'un peuple qui retrouve sa liberté et, bientôt, son unité. Rostropovitch vient jouer Bach avec son violoncelle au pied de l'édifice. Il devient du dernier chic d'aller se faire prendre en photo près du Mur et d'en ramener des morceaux aux copains. Histoire de montrer qu'on a vécu l'histoire en direct... En trois jours, deux millions d'Allemands de l'Est seraient passés à l'Ouest, où chacun reçoit 50 DM ( environ 25 €) de "Begrüssungsgeld", "argent de bienvenue" offert par les autorités ouest- allemandes.

En décidant d'ouvrir le Mur, les dirigeants est-allemands espéraient sauver les meubles et le régime. Mais les manifestations se poursuivent. Aux cris de "Wir sind ein Volk", "Nous sommes un seul peuple", un appel à la réunification des deux parties du pays est lancé. Moins d'un an plus tard, le 3 octobre 1990, celle-ci devient réalité.

Après la chute et la démolition du Mur honni, une partie de l'édifice a été vendue aux enchères par segments à Monaco en juin 1990 pour un total légèrement supérieur à 3,5 MF (550.000 euros). En septembre 2004, trois autres pans (mesurant chacun 3,5 m de haut et 1 m de large) ont été vendus à Berlin, toujours aux enchères, pour une somme totale de 18.500 euros.


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Mur surmonté de barbelés

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Gardes surveillant le Mur

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La chute du mur, novembre 1989

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