Mona Hatoum

Un article de Nezumi.

Mona Hatoum, plasticienne contemporaine britannique, née le 11 février 1952 à Beyrouth au Liban, d'origine palestinienne. Mona Hatoum vit à Londres depuis 1975.

Biographie

Mona Hatoum a étudié les arts à la Byam Shaw School of Art et à la Slade School of Art de 1975 à 1981. Elle s’installe aà Londres et étend son lieu de vie et de travail à une autre capitale, Berlin. Ces allers-retours constants entre deux villes s’ajoutent au flux de voyages qu’elle mène pour ses expositions internationales.

Mona Hatoum a commencé à être connue dans les années 1980 avec des performances qui mettaient en scène la violence et la sexualité et abordaient les thèmes de la souffrance. Au cours de ces performances, son propre corps était volontairement exposé, parfois jusqu'à la limite de ses forces. Ces performances ont été presque toutes filmées et ont conduit Mona Hatoum à l'art vidéo en 1983.

L'histoire personnelle de l'artiste Mona Hatoum a inspiré son travail. Née à Beyrouth, elle quitte sa ville natale pour des raisons personnelles et politiques pour aller s'exiler d'abord à Vancouver, puis à Londres où elle s'est installée. L'exil et la séparation avec sa famille restée en Palestine deviendront les thèmes de ses vidéos et de ses œuvres. C'est à travers ses œuvres qu'elle tentera de « restituer », ou plutôt de « reconstruire », un passé qui semble la hanter.

Dans Measures of Distance(1988), une vidéo, "Mona Hatoum exprime la douleur intime à travers les images de sa mère et un choix de lettres envoyées par cette dernière à sa fille, lues en voix off : ces lettres parlent de la guerre, de la vie quotidienne, de ce qui a été perdu".

Son travail porte aussi la marque d'un héritage minimaliste et conceptuel comme par exemple son œuvre Socle du Monde(1992), qui reprend l'œuvre du même nom de l'artiste Piero Manzoni (1962, en fer et laiton) fait de bois, d'acier et de fer, composé d'un large bloc recouvert de morceaux de fer aimantés.

En 1994, Mona Hatoum renoue avec la vidéo qu'elle incorpore dans une installation Corps étranger exposé au Centre Georges-Pompidou à Paris. Cette dernière montre des images en couleur du corps de l'artiste puisqu'il s'agit d'une endoscopie projetée à même le sol, sur un mètre de diamètre. Cette œuvre critique le dualisme qui existe entre l'intérieur et l'extérieur et remet en scène le contenu d'une de ses anciennes performances : la critique politique.

En 1995, elle est nommée pour le prestigieux prix Turner pour son exposition au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (Paris), et pour son exposition au White Cube (Londres), une des plus influente galerie dans le monde artistique.

Mona Hatoum abandonne ensuite la vidéo pour se consacrer à des « objets-sculptures ».

Dans Mobile Home(2005), une installation qui met en scène des objets familiers, domestiques, chargés de mémoire où Mona exprime encore l'exil. La présence des « fils à linge mouvants » qui transportent les objets expriment à la fois le lien familial mais aussi l'éloignement. Le titre même de l'œuvre exprime la mobilité et la distance.

En travaillant avec des médias variés, Mona Hatoum critique les limites de l'art traditionnel et évoque les dangers de la politique autoritaire notamment dans ses œuvres Untitled qui représente une chaise roulante (1998, Tate Gallery, Londres) et Silence (1994, New York, MOMA).

Elle utilise à partir des années 2000 des matériaux nobles, fragiles pour en faire des œuvres violentes et tristes. Sa thématique est souvent la guerre, l'exil, la condition de la femme. Suivant différents médiums, pratiques et références (minimalisme, Arte povera), Mona Hatoum travaille et fait partager une errance aux limites de l’angoisse. Le spectateur éprouve physiquement ces jeux d’échelles, des mondes apparemment familiers qu’elle présente détachés de leur contexte, agrandis ou miniaturisés et dont l’usage a été perturbé.

Elle expose la violence de la condition féminine. La vidéo Maesures of distances (1998) montre ainsi un autre corps, sous la douche, celui de sa mère. Ce corps est relié à un récit, un échange par lettres avec sa fille, et cette correspondance fait surface, fait écran ou offre un plan transparent dans l’image vidéo. Sexualité, exil, déracinement, violence et intimité, la vidéo synthétise nombre de préoccupations de l’artiste ainsi que celles de toute une génération. L’œuvre de Mona Hatoum est ainsi souvent qualifiée de fondatrice, dans l’art contemporain.

Sa recherche constante de nouveaux territoires l’a conduite au MAC/VAL en 2009, dans le cadre d’une résidence et donc d’une création élaborée par rapport aux données et coordonnées d’un territoire. Elle a saisi l’occasion de reprendre et décliner un motif privilégié dans son travail, la carte. Dans Continental Drive (2000), Mona Hatoum organisait une dérive de miroirs en forme de continents, suivant le mécanisme d’une horloge. Zone mitée dans un tapis (Afghan, red and black, 2008), flux qui déforment la découpe géographique des continents (Routes V, 2008), des petites billes de verres assemblées en une carte du monde à même le sol, qui provoquent le visiteur pour un dérapage (Map, 1998)…cette obsession de Mona Hatoum produit toutes les formes possibles.

Au MAC/VAL, avec l’installation Suspendu, la carte devient un jeu de position, en attente de mouvement, formant une forêt de quarante balançoires. Chaque assise est gravée du plan d’une capitale ou d’une ville liée aux habitants rencontrés et aux communautés présentes à Vitry-sur-Seine. Découpés nets dans le bois, ces plans géométriques aux lignes brisées ou interrompues, représentent par leur tracé autant de parcours vécus, de relations entre l’Histoire et des expériences familiales, individuelles. L’instabilité et l’équilibre, la distance temporelle entre l’enfance et l’âge adulte entrent en résonance avec les lourdes chaînes qui semblent clouer chaque balançoire dans l’air. L’assise en verre associe légèreté et fragilité ainsi que la frustration liée à l’impossibilité du jeu et de l’usage, sous peine de brisure.

Elle est élue membre de l'Académie des arts de Berlin en 2010.

Mona Hatoum est représentée à Paris par la galerie Chantal Crousel, à Londres par le White Cube et à Turin par la Galleria Continua.

Prix et récompenses

Expositions (sélection)

  • 1995 : exposition au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou à Paris.
  • 1995 : exposition au White Cube à Londres.
  • 2007 : Web, 2006 une installation présentant une toile d'araignée géante avec d'énormes gouttes d'eau en perles de verre soufflé et posée dans l'entonnoir d'une crayère, exposée dans l' Expérience Pommery#4, exposition organisée par Daniel Buren, dans les caves de la Maison de champagne Pommery à Reims.
  • 2008 : exposition personnelle à la galerie Chantal Crousel, Paris
  • 2009-2010 : Suspendu en résidence au Mac/Val Vitry sur Seine
  • 2009 : exposition à l'UCCA de Pékin
  • 2010 : rétrospective au Beirut Art Center, à Beyrouth
  • 2011 : Mona Hatoum: Bourj - Alexander and Bonin, New York
  • 2011 : Jardin suspendu Biennale internationale d'art contemporain de Melle
  • 2012 : J'ai Deux Amours - Cité nationale de l'histoire de l'immigration, Paris
  • 2015 : exposition personnelle au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou

Galerie

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Œuvres diverses


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Suspendu Mac/Val 2009-2010 Installation ; 40 balançoires en médium noir replaqué de faces stratifiées rouges, chaînes en métal


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Centre Pompidou, 2015

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Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal