Michel de Broin

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Michel de Broin plasticien contemporain canadien, né à Montréal en 1970.
Ne pas confondre avec un autre Michel de Broin, auteurs de décors de nombreux films dont Les Deux Anglaises et le Continent de François Truffaut et La Grande Bouffe de Marco Ferreri
Vit et travaille à Montréal, Berlin et Paris.

Biographie

Michel De Broin travaille et expose, depuis 1993, sculptures, installations et vidéos, toujours guidé par un principe : "introduire un élément hétérogène à l’intérieur d’un système normatif pour voir comment cet agent produit dans son nouveau contexte des réactions inédites, initiant des intensités et favorisant des rencontres".

Ses travaux proposent ainsi de transformer le réel, de jouer avec lui pour produire des évènements, des fictions, des pensées capables de nous inciter à penser et à voir autrement. Proposant une nouvelle conception d'un art conceptuel, l'artiste adopte une attitude critique et ludique vis-à-vis des objets usuels et des conceptions courantes, et s'applique à rendre visibles, par la voie de métaphores et d'analogies d'une riche profondeur, les forces à l'œuvre dans le mouvement des énergies qui guident nos actions et gouvernent nos pulsions.

Ses expérimentations et inventions mettent à nu le fonctionnement des systèmes de pouvoir. Parallèlement à sa maîtrise à l’Université de Montréal, L’Opacité du corps dans la transparence des circuits, sa première exposition en 1997 au Circa (Montreal), annonce déjà les préoccupations à venir de Michel de Broin, tel un manifeste.
Un circuit électrique constitué d’un câble relie deux récipients d’huile minérale où sont respectivement immergés un verre de vin rouge et, dans le second, une ampoule électrique. Vaine expérience aux allures scientifiques ? Le vin, piètre conducteur, perturbe le flux énergétique. Le visiteur peut ainsi faire le lien entre ce qu’il voit et ce que l’installation montre en creux : une perte invisible d’énergie, une forme ‘‘douce’’ de de résistance par un agent extérieur. La vidéo Fuite (2009) poursuit cette expérience et produit un humour à contre courant : il s’agit de fins jets d’eau qui s’échappent des deux trous d’une prise électrique.

Ainsi Michel de Broin décline des systèmes d’opposition, d’apparence inoffensifs, mais perturbants. Révolution (2010), monumental escalier en colimaçon de 40 mètres installé dans le cloître du Couvent des Jacobins de Rennes offre à celui qui l’arpente l’étrange expérience d’un « éternel retour ». Hommage aux labyrinthes irrésolubles de M.C.Escher.

Michel de Broin explore également l’histoire de l’art, les changements de regard sur les œuvres avec un intérêts pour les avant-gardes du début du XXe siècle, en rupture avec des codes classiques. Matière dangereuse (1999-2004) exploite ainsi l’analogie entre deux images, deux fonctions du carré noir. Michel de Broin voit dans les panneaux de signalisation à l’entrée des tunnels routiers en périphérie de Montréal, une reprise de l’iconographie du Carré noir sur fond blanc (1915), peint par Kasimir Malevitch et considéré comme le premier monochrome. Pour briser l’interdit et contourner la règle, Michel de Broin s’est introduit sur les autoroutes avec un cube noir sur le toit de sa voiture. La performance a donné lieu à toute une série de photographies, jusqu’à la mise en scène d’une arrestation par des policiers.

Michel de Broin est lauréat du Prix Sobey 2007.

Expositions et projets

Projets - expositions solo

  • 2009 Disruption from Within, Plug In (Winnipeg)
  • 2008 Énergie Réciproque, MAC/VAL (Vitry-sur Seine),
  • 2006 Machinations, Musée national des beaux-arts du Québec
  • 2006 Reverse entropy, Kuenstlerhaus Bethanien (Berlin )
  • 2005 Réparations, Galerie Isabella Bortolozzi (Berlin)
  • 2005 Bf15 (Lyon)
  • 2002 Villa Merkel, Esslingen, Allemagne

Expositions collectives

  • 2009 Nuit Blanche Paris
  • 2009 Galerie Xippas Paris
  • 2009 Villa Arson , Nice
  • 2007 Berlinische Galerie , Berlin
  • 2006 Plug In , Winnipeg
  • 2006 Haus Am Waldsee , Berlin
  • 2005 Christian Nagel , Berlin
  • 2005 Exit Art , New York
  • 2004 Fototeka , La Havane, Cuba
  • 2004 Frac Alsace , Célesta, France
  • 2003 Museum of Contemporary Canadien Art , Toronto
  • 2003 Gallery 44 , Toronto
  • 2000 Kunsthaus Baselland , Muttenz, Suisse
  • 1998 Center for Curatorial Studies, , Annandale-on-Hudson, New York

Galerie

Site de l'artiste

Énergie réciproque

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Énergie réciproque est le titre de l’exposition que l'artiste réalise, à la suite à sa résidence en 2008 au MAC/VAL.
L’exposition réunit l’ensemble des préoccupations ainsi que les différents médiums que Michel de Broin aime travailler. Quatre œuvres, Interpénétration profonde, Sans titre, Station, Trans-estérification, réunissent sculpture, film et maquette, et proposent une alternative plus ou moins farfelue et poétique, à la crise actuelle de l’énergie.

La crise des ressources naturelles et de l’énergie est également un des lieux communs violemment absurde et destructeur du monde contemporain. Lorsque le corps humain emploie une machine, il économise une quantité d’énergie. L'apport énergétique fourni par l’ingestion de nourriture est alors stocké sous forme de graisses. Pendant que l’automobiliste stocke de l’énergie et engraisse, il consomme l’énergie fossile et gaspille les ressources. Pourquoi ne pas coupler l’homme et la machine en résolvant ainsi le problème de l’obésité et celui de la crise de l’énergie tout en offrant une alternative écologique.
Trans-estérification (vidéo de 2mn 33s ) suit un homme d’une pâtisserie à son propre laboratoire domestique, après avoir récupéré sa propre graisse grâce aux talents de la pâtissière qui dispose d’outils de liposuccion. Du gras à l’essence naturelle, l’homme transvase la mixture dans sa voiture qui se nourrit donc de l’automobiliste, de son propre conducteur et la boucle est bouclée. La voiture comme prolongement du chez-soi, comme seconde maison, (auto)neutralise toute pollution.
Station restitue la possibilité de cette expérience et modélise les relations d’inter-dépendance. Elle concrétise et visualise cette démonstration par la phase indispensable d’avant-projet qu’est la maquette, échelle 1/100.
La sculpture Interpénétration profonde est une installation qui pousse les logiques du jeu et du sérieux à l’extrême. L’œuvre se nourrit à même un réfrigérateur pris en otage et attaché avec des sangles à une colonne de la galerie. La pompe qui produit le froid est détournée de sa fonction et sert à produire le vide. Un système de valves et de boyaux permet de relier deux cubes de plexiglas placés vis-à-vis l’un de l’autre. Entre les cubes, une membrane de caoutchouc est aspirée d’un côté avant de se retourner comme un gant et être aspirée de l'autre coté.

Autres œuvres

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Black Whole Conference (72 chaises / 4 m de diamètre, 2006)

L’installation consiste en un groupe de chaises fixées une à une par les pattes de manière à former une sphère. Dans cette architecture utopique, chaque élément assure et partage solidairement la stabilité de l’ensemble. Cette structure épineuse forme une sorte de système immunitaire, une géométrie configurée pour se protéger du monde extérieur.

Keep on Smoking (Bicyclette, génératrice, pile et machine à fumée / Berlin 2006)

Cette bicyclette transforme en fumée l’énergie mécanique produite par le cycliste. La puissance du cycliste est une source d’énergie renouvelable qui peut être récupérée par une génératrice transformant l’effort physique en un courant électrique suffisant pour activer une machine à fumée. L’œuvre est le résultat du mariage de deux machines : l’une est productrice alors que l’autre consomme. Cette union de machines produit de la fumée, qui s’échappe librement dans l’atmosphère.

Hurlement silencieux (Alarme, cloche de verre, pompe à vide et eau, Musée national des beaux-arts du Québec, 2006 )

Le dispositif est conçu pour étouffer un système de sécurité en créant le vide, soit un environnement dans lequel le son ne se communique pas. On peut ainsi observer le mouvement du marteau frappant la cloche mais sans entendre le son déchirant de l'alarme.

Great Encounter (Installation, deux réfrigérateurs, plexiglass, 2008 )

Un réfrigérateur est solitaire, il se tient dans son coin et s’isole du monde pour contrôler son atmosphère et protéger son contenu. Il faut garder sa porte fermée sinon il perd son froid. C’est ce repli qui explique l’isolement dans laquelle se trouvent les réfrigérateurs. Dans cette installation, deux solitudes s’unissent l’une à l’autre par un canal reliant leurs mondes intérieurs. Cette rencontre inusitée produit un petit brouillard perceptible sur la surface qui les relie.

Fuite (vidéo, 2009)

La vidéo Fuite (2009) poursuit produit un humour à contre courant : il s’agit de fins jets d’eau qui s’échappent des deux trous d’une prise électrique. Un courant continu (eau) fuit par la prise électrique.

Voir aussi Les films d' Ann ; le cinéma de Nezumi; les Artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal