Michel Parmentier

Un article de Nezumi.

Michel Parmentier , né à Paris en 1938, est un plasticien contemporain français.

Son œuvre reste historiquement liée aux quatre manifestations du groupe BMPT, auxquelles il participa en 1967, en compagnie de Daniel Buren, Olivier Mosset et Niele Toroni. Cette œuvre, qu'il interrompit volontairement en 1969 et qu'il reprit en 1982, est marquée par son radicalisme, son absence de parti pris expressif et son refus de tout compromis formel et idéologique.

Biographie

Après avoir suivi des études au lycée Louis-le-Grand, à l'école des Métiers d'art (1957-1961) où il rencontre Daniel Buren, il achève son cursus à l'école des Beaux-Arts de Paris (1961-1963) où il fréquente l'atelier de Roger Chastel (en compagnie de Vincent Bioulès et Claude Viallat).

Parmentier, qui participe dès 1962 au Salon de la jeune peinture et qui reçoit en 1963 le prix Lefranc, rejette en effet aussi bien l'école de Paris que l'abstraction lyrique, le pop art que le nouveau réalisme (à l'exception d'Yves Klein et des « décollagistes »).

Au début des années soixante, Daniel Buren et Michel Parmentier fréquentent l’atelier de Simon Hantaï. Le rôle et l’influence de ce dernier sont déterminants, particulièrement pour Michel Parmentier qui, bien qu’il réalisât ses bandes alternées au moyen de masking tape depuis la fin de 1965, adopte la technique du pliage qu’utilisait déjà largement Simon Hantaï.

En apparence, les principes du masquage et du pliage ne sont guère différents. Il s’agissait pour Michel Parmentier de peindre une bande horizontale de trente-huit centimètres puis de plier la toile à cette limite afin d’obtenir une alternance sans bavures entre la couleur et le blanc, le blanc désormais considéré non comme une réserve, mais bien comme une surface de peinture, fût-ce dans son plus simple apprêt.

Le procédé permettait donc de supprimer toutes ces traces de gestes que l’artiste abhorrait, soucieux qu’il était d’éliminer toute « projection du sensible et du talent ». La couleur retenue valait pour l’année.

Michel Parmentier précisera par la suite que c’était moins l’anonymat ou la dépersonnalisation qui étaient recherchés que la « désensibilisation ». Et en effet, quiconque rencontre une œuvre de Michel Parmentier ne peut qu’être frappé par cette manière si identifiable et donc, finalement, si personnelle. C’est d’ailleurs au nom de la revendication de « l’ontologie » de la peinture qu’il se désolidarisera, en décembre 1967, de l’association éphémère qu’il forma quelques mois plus tôt avec Daniel Buren, Olivier Mosset et Niele Toroni (BMPT) quand on leur proposa de signer indifféremment leurs œuvres.

En 1969 Michel Parmentier cesse de peindre jusqu’en 1982, date à laquelle il reprend l’ouvrage à peu près là où il l’avait laissé, faisant de ses silences une sorte d’équivalent aux blancs de ses peintures.

Michel Parmentier est décédé à Paris en 2000

Hommage de Pierre Wat

(extraits) Parmentier cherche un temps à produire une synthèse singulière de la peinture américaine et d’une certaine histoire française. S’il est, comme tous ceux qui, dans sa génération, formèrent la véritable avant-garde, d’une défiance absolue à l’égard de ce qui évoque l’Ecole de Paris et son abstraction bien tempérée, et si, à cet égard, il préfère ce qui se délite à ce qui est composé, il y a pourtant quelque chose de Nicolas de Staël qui passe dans sa façon, un temps, de construire l’espace par la couleur. Mais aussi – et c’est là un autre monde – quelque chose d’Henri Michaux qui traverse les toiles les plus sombres, où le gris et le noir balayent la quasi-totalité de la surface.
Mais l’essentiel est ailleurs, dans ce que Parmentier fait subir à son travail : une démarche qui s’apparente à un processus délibéré et systématique de dégradation. Dégradation symbolique, qui le conduit à n’utiliser que des matériaux sans noblesse, c’est-à-dire étrangers au monde des beaux-arts : papiers d’emballage ou journaux, pour importer du motif déjà fait ; papier d’argent et peinture industrielle en guise de couleur. Mais aussi dégradation matérielle, car Parmentier colle, recouvre, arrache autant si ce n’est plus qu’il ne peint, et ses toiles ressemblent parfois à de vastes repentirs qui conservent en leur sein la moindre trace des hésitations qui les ont constituées. Comme des espaces feuilletés dont chaque strate avoue plus qu’elle ne dissimule ce qu’elle recouvre. Singulièrement la peinture de Parmentier tend progressivement vers la maigreur alors même qu’il multiple les ajouts et collages.
Des premières toiles blanches composées de 1962 aux dernières toiles laquées et quasiment blêmes de 1965, c’est l’appauvrissement, la dématérialisation de l’œuvre que vise l’artiste. S’il existe une forme de continuité entre les travaux d’avant et ceux d’après 1966, elle réside dans ce mouvement vers le moins. Car là où il appauvrit peu à peu sa matière picturale de 1962 à 196565, Parmentier fera subir plus tard un même sort à son support qui, à la fin des années 80, passera de la toile au papier pour finir dans la translucidité du calque. Peinture toute entière tendue entre affirmation et négation. »

Galerie

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