Maurizio Cattelan

Un article de Nezumi.

Maurizio Cattelan est un artiste italien né à Padoue en 1960. Il est un des artistes contemporains les plus collectionnés actuellement. Il vit et travaille à New York.

Biographie

Gamin des rues, issu d'un milieu populaire, il débute par toutes sortes de petits boulots, mais sans succès et vit licenciement sur licenciement. Il travaille même à la morgue ce qui va le marquer et peut-être être à l'origine de son goût particulier pour le macabre. Au sujet de son enfance, il dit dans une interview : « La pire période de mon existence. Les décisions sont toujours prises par quelqu'un d'autre : parents, professeurs... Je n'en garde aucun bon souvenir. »

Au début des années 1980, pour occuper son oisiveté, il se met à fabriquer des petits meubles en bois, qu'il tente de vendre, ce qui lui permet d'entrer en contact avec des personnalités du design comme Ettore Sottsass et le groupe de Memphis. Il fait alors éditer un catalogue de ses réalisations qu'il envoie par mailing aux galeries en un millier d'exemplaires. Cette action promotionnelle lui permet de faire une petite percée dans le milieu du design et de l'Art contemporain.

Il décide alors de trouver sa place et de faire parler de lui par la provocation et les détournements, par la surprise : il plante des oliviers dans la cour d'institutions, présente une autruche empaillée avec la tête enterrée dans le sol, se balade déguisé en figurine avec une tête géante de Picasso et transforme son galeriste parisien Emmanuel Perrotin en lapin rose et phallique, il accroche sur un mur son galeriste milanais avec un ruban adhésif et il crée la Fondation Oblomov.

Il s'installe définitivement à New York au début des années 1990 dans un deux pièces de l'East Village qu'il occupe toujours, mais conserve son pied à terre à Milan. Il n'a pas d'atelier, juste un téléphone : « New York m'a apporté la gloire, l'argent et les femmes. »

Entretenant une allure recherchée de mythique ragazzo italien, il est devenu aujourd'hui une superstar de l'art contemporain, un recordman des enchères dans les salles de vente, un surréaliste du troisième millénaire et un agitateur professionnel. Il est avec Jeff Koons et Damien Hirst un des artistes parmi les plus cotés de sa génération. Certains parlent de lui comme le Buster Keaton de l'art contemporain ou plus méchamment de « l'idiot du village de l'art contemporain ».

Il a créé un magazine appelé Permanent Food dans lequel il publie des images volées aux autres magazines.

Son travail

Comme beaucoup d'artistes contemporains, c'est l'attitude de Cattelan qui décrit le mieux son œuvre, plutôt que le type de médium qu'il utilise. D'un esprit frondeur, il pratique le paradoxe, la provocation, l'humour et l'ironie féroce — son esprit frondeur a retenu les leçons de ses maîtres, Pablo Picasso pour la culture du star-système et Andy Warhol pour son génie médiatique. Cattelan cherche en permanence à tourner en dérision l'art, son idéalisme et sa stupidité, et en particulier le monde de l'art contemporain. Il en critique la production artistique, une toile entaillée du Z de Zorro devenant par exemple une référence dérisoire au travail de Lucio Fontana, et le milieu des artistes. C'est là tout le paradoxe de Cattelan, car il aime se faire passer pour un artiste en marge du marché de l'Art, alors qu'il en est en fait un acteur majeur, par exemple en tant que commissaire de la biennale de Berlin.

Pour accentuer sa critique il n'hésite pas à ouvrir sa propre galerie new-yorkaise (la wrong gallery), galerie ou rien ne se vend et qui est de toute façon fermée en permanence par simple contestation. Lorsqu'il ne veut pas se déplacer lui-même pour répondre même lapidairement aux interviews, il n'hésite pas à envoyer son assistant et compère Massimiliano Gioni pour répondre aux interviews à sa place.

Il a créé des œuvres mémorables qui font toujours scandale et donnent lieu à toutes sortes d'interprétations, jusqu'à mettre en cause la religion et le sacré, comme dans La Nona Ora, qui représente une effigie, en cire et grandeur nature, du défunt pape Jean-Paul II terrassé par une météorite. Mais c'est malgré lui que ses œuvres deviennent des stars du marché. Il n'apprécia d'ailleurs pas la revente de La Nona Ora par son collectionneur ; pour illustrer son mécontentement il scotcha ni plus ni moins son galeriste au mur (Massimo De Carlo) afin qu'il se vende lui-même.

Il ne fabrique jamais ses pièces et utilise parfois des acteurs pour ses performances. En 1994, il a persuadé le célèbre galeriste parisien Emmanuel Perrotin de passer un mois déguisé en pénis marchant, Errotin le Vrai Lapin. À une autre occasion, il a fait pédaler sur place les gardiens du musée où on lui demandait d'exposer.

Cattelan base donc son Art sur le tragique, le drôle mais surtout la provocation. Il veut marquer les esprits, à tel point que des accidents sont déjà arrivés ; à Milan, sur la place du 24-Mai, il avait pendu trois mannequins d'enfants à un chêne, un homme outré s'est fendu le crâne en voulant décrocher ces sculptures. L'œuvre a été retirée, mais l'incident a été largement popularisé par le journal télévisé, et continue d'exister à travers les documents d'actualité enregistrés à l'époque.

En 2010 il commence la publication de Toilet Paper, un magazine d'un nouveau genre conçu avec la complicité du photographe Pierpaolo Ferrari (Le Dictateur). Dans le sillage de Permanent Food et de Charley, les projets cultes de Cattelan, Toilet Paper, mi-livre d'artistes, mi-magazine, pervertit les codes de l'iconographie médiatique contemporaine, empruntant à la mode, à la publicité, au cinéma, combinant photographie commerciale, récits visuels tordus et imagerie surréaliste pour créer une série de tableaux saisissants devant lesquels l'effroi se mêle au plaisir visuel. Des vidéos en rapport avec ces photographies, et en liaison avec son exposition de 2011 au Musée Solomon R. Guggenheim sont visibles sur la site Toilet Paper Magazine

Quelques œuvres

  • La Ballade de Trotski, créée en 1996, un véritable cheval empaillé à suspendre à un haut plafond, vendue par Sotheby's en 2004 pour 2,08 millions de US$.
  • Novecento, autre cheval empaillé suspendu, par des harnais de cuir, à un des hauts plafonds peints du castello de Rivoli (musée d'art contemporain).
  • Charlie don't surf (1997), enfant au pupitre, les deux mains cloués par des crayons, au musée d'art contemporain (musée au Château de Rivoli).
  • La Neuvième heure (La Nona Ora), créée en 1999, une effigie, en cire et grandeur nature, du pape Jean-Paul II terrassé et cloué au sol par une météorite, vendue par Christie's en 2004 pour 3 millions de US$.
  • Mère, créée en 1999, présentée à la Biennale de Venise, un véritable fakir en train de prier est enfoui sous le sable, ses mains seules sont en vue. Cette performance fut réalisée quatre fois une heure par jour.
  • Hollywood, créée en 2001, des lettres blanches géantes identiques à celles d'Hollywood sont plantées sur une colline dominant la décharge publique de Palerme, la plus importante de Sicile. Dans le cadre de la biennale de Venise, il affrète un avion et fait admirer sa réalisation par la jet-set de l'art contemporain, déclarant : « L'art doit être en compétition avec la télévision. Si on n'utilise pas la même stratégie, on n'aura jamais de succès. »
  • Par peur de l'amour, un éléphant en uniforme du Ku Klux Klan, vendue par Christie's en 2004 pour 2,7 millions de US$.
  • Maintenant, créée en 2004, présentée à Paris dans la chapelle des Petits-Augustins aux Beaux-Arts, représente la dépouille de John Fitzgerald Kennedy allongé dans son cercueil. Il s'agit d'un mannequin en cire, pieds nus dans un cercueil ouvert.
  • Untitled, 2007, toujours un cheval, empaillé et dont la tête disparait dans le mur de brique de la Punta della Dogana (Fondation François Pinault)
  • All, 2008, 9 sculptures de marbre blanc, représentant des corps torturés sous un drap. exposition Éloge du doute
  • Turisti, (2011), 2000 pigeons empaillées disséminés dans toute la Biennale de Venise 2011

Galerie

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Untitled 2008 et revue Toilet Paper

Voir aussi Les films d' Ann ; le cinéma de Nezumi; les Artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal