Mahabalipuram

Un article de Nezumi.

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Mahabalipuram ou Mamallapuram (en tamoul மகாபலிபுரம் (Mahābalipuram), « la ville de Mahabali ») est une ville indienne dans le district de Kanchipuram (Tamil Nadu). Elle est située à 60 km au sud de Chennai (Madras) sur la côte de Coromandel et elle abrite un site archéologique inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO en Inde.

Au VIIe siècle, du temps du règne de la dynastie Pallava, Mahabalipuram était un port important en communication avec le Srivijaya en Indonésie et le Royaume du Champa sur la péninsule indochinoise.

Inscription au patrimoine mondial

Mahabalipuram à été inscrit en 1984, au titre des biens culturels, sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO.
Justification de cette inscription, au titre des critères I, II,III,IV.

Mahabalipuram témoigne avant tout de la civilisation pallava du sud-est de l'Inde. Le sanctuaire, particulièrement connu pour ses ratha (temples en forme de chars), ses mandapa (sanctuaires en grottes) et ses reliefs gigantesques en plein air, est l'un des principaux centres du culte de Shiva. L'influence des sculptures de Mahabalipuram, caractérisées par la douceur et la souplesse de leur modelé, s'est étendue sur une aire géographique très vaste (Cambodge, Annam, Java).

Fondé par les souverains pallava au VIIe siècle, au sud de Madras, le port de Mahabalipuram commerçait avec les royaumes lointains du sud-est de l'Asie : le Kambuja (Cambodge), le Shrivijaya (Malaisie, Sumatra, Java) et l'Empire de Champa (Annam). Mais la célébrité de son port fut bientôt éclipsée par celle des sanctuaires rupestres et des temples qui y furent construits ou décorés entre 630 et 728.

La plupart de ces monuments, comme les ratha creusés dans la roche, les scènes sculptées à ciel ouvert comme la pénitence d'Arjuna, les grottes de Govardhanadhari et d'Ahishasuramardini, ainsi que le temple de Jala-Sayana Perumal (le Mahavishnu endormi ou Chakrin derrière le complexe du temple du Rivage) sont attribués à la période de Narasimhavarman Ier Mamalla.

Ces monuments se répartissent en cinq catégories :

  • les temples ratha en forme de chars processionnels, qui sont des constructions monolithes creusées dans des blocs de diorite résiduels qui émergeaient du sable. Les cinq ratha méridionaux, qui sont les plus célèbres, remontent au règne de Naharasimhavarman Mamalla (630-668), le grand roi pallava (les textes chola, de fait, appellent la ville Mamallapuram).
  • les mandapa, sanctuaires rupestres formés de salles dont les parois sont couvertes de bas-reliefs (mandapa de Varaha, qui représente les actes de cet avatar de Vishnou ; le mandapa des Cinq Pandava et, tout particulièrement, le mandapa de Krishna et celui de Mahishasuramardini).
  • des reliefs rupestres en plein air illustrent un épisode populaire de l'iconographie de Shiva, celui de la descente du Gange : à la demande du sage roi Baghirata, Shiva ordonna au Gange de descendre sur terre et de nourrir le monde. Les sculpteurs ont utilisé les fissures naturelles de la colline pour suggérer cet événement cosmique auquel assistent une foule de dieux, de déesses, de personnages mythiques (Kinnara, Gandherya, Apsara, Gana, Naga et Nagini) et d'animaux sauvages ou domestiques.
  • des temples construits en pierre taillée, comme le temple du Rivage édifié par le roi Rajasimha Narasimhavarman II (695-722), avec sa haute tour pyramidale à gradins et ses milliers de sculptures célébrant la gloire de Shiva.
  • des ratha monolithes, sur un à trois niveaux, qui présentent une grande variété de formes architecturales : les ratha Dharmaraja, Arjuna et Draupadi sont carrés, les ratha Bhima et Ganesa rectangulaires et le ratha Sahadeva absidé. L'architecture complexe, qui culmine avec la construction du temple du Rivage, y a été introduite sur une large échelle par Pallava Rajasimha (700-728).

Le temple du Rivage, érigé face à l'océan, est un édifice d'une grande beauté architecturale. Il appartient à une période au cours de laquelle le style architectural des Pallava était à son apogée en termes de beauté des décors et de qualité intrinsèque. Cet édifice ayant été endommagé par l'action corrosive de l'eau de mer et de l'air, ses sculptures ont aujourd'hui à peu près disparu.

Les cinq Rathas

Les cinq Rathas (Pancha Rathas, les cinq chariots) sont un ensemble de monuments monolithes comprenant cinq édifices principaux et d'autres sculptures, taillés entre 630 et 680 , sous les souverains Pallavi, Mahendravarman I et son fils Narasimhavarman I.

Les cinq Rathas Yudhisthira (ou Dharmaraja), Bhima, Arjuna, Draupadi et Nakula-Sahadeva sont des monuments monolithiques de tailles et de formes différentes excavés d'une petite colline au sud du village.

Le Dharmaraja a été dégagé à partir de la partie la plus haute de la colline, puis suivent par ordre décroissant de taille, le Bhima, l'Arjuna et le Draupadi. Le Sahadeva a été excavé d'une roche un peu plus grande placée à l'ouest de Draupadi. Juste devant le Draupadi, deux autres roches plus petites ont été sculptées en forme d'éléphant et de lion, le véhicule de Dourga. Derrière le Draupadi et l'Arjuna, qui se tiennent sur une plate-forme commune, se trouve un Nandin, un bœuf, véhicule de Shiva.

  • Draupadi, en forme de hutte avec toit de chaume, dédié à Dourga, est carré, à une cella. Sa toiture évoquant les toits de chaume rappelle les chapelles de villages construites en matériaux périssables et qui n'ont pas survécu.
  • Arjuna, structure pyramidale plus petite que celle du Dharmaraja, est dédié à Shiva, étant donné la présence du taureau Nandi couché à l’arrière. Ce temple présente un plan simple, carré avec des ressauts, précédé d’un vestibule aux parois nues. Il est marqué par le style dravidien, comme le montre sa toiture pyramidale de faux étages décroissants. Son décor sculpté montre des divinités associées au dieu principal.
  • Bhima temple à étages, avec colonne à piètements de lion, transposition libre de l'organisation d'une salle de réunion bouddhique, est dédié à Vishnou. Ce ratha de plan rectangulaire, est couvert en berceau brisé.
  • Dharmaraja ou Yudhisthira, surmonté d'une structure pyramidale de trois étages, inachevé, est le seul portant une inscription faisant référence au roi Pallava Nârasimhavarman Ier. Dédié à Shiva, il est bâti sur le même principe que le ratha d’Arjuna, un plan carré et une véranda, une toiture dravidienne à deux faux étages, et une corniche avec des réductions d’édifices. Les divinités sculptées à l’extérieur comportent un Shiva androgyne et un harihara.
  • Nakula-Sahadeva , de structure absidiale, est dédié à Indra. Très inachevé, ce dernier modèle présente un plan original absidial avec un porche soutenu par des colonnes de style mamalla.

Le Temple du Rivage

Le Temple du Rivage, a été construit de 700 à 728, sous le roi Narasimhavarman II de la dynastie Pallava, au bord de la mer, sur un promontoire s'avançant dans le golfe du Bengale. Il est l'un des premiers temples construits, par opposition aux temples d'architecture monolithe, creusés dans des grottes ou complètement excavés dans des falaises. Le temple est construit avec des blocs de granit de provenance locale. Le temple, qui a souffert depuis douze siècles de sa situation sur le rivage, est maintenant protégé de l'érosion éolienne par une haie et de celle des vagues par des blocs de rocher.

Le temple n'est pas en activité. Il est d'ailleurs possible qu'il ne l'ait jamais été, les Pallavas étant grands amateurs d'art, soucieux d'élaborer un style propre et ayant déjà créé pour cela les Pancha Rathas qui sont également des maquettes quasiment grandeur nature de temples jamais consacrés.

Le temple est une combinaison de trois sanctuaires. Le temple principal présente une structure pyramidale de 18 m de haut et repose sur une plate-forme carrée de 16m de coté. L'entrée se fait par une porte de type gopura qui s'ouvre sur la mer située à l'Est. Les marins pouvaient même apercevoir l'intérieur du temple depuis leurs navires. Chaque étage est bien différencié avec un avant-toit bombé en surplomb qui apporte de l'ombre. Le sanctuaire abrite un lingam . Sur le mur du fond on trouve un haut-relief de Somaskanda : la triple image de Shiva, son épouse et leur enfant Skanda.

La configuration du Temple du Rivage avec un sanctuaire de Vishnou situé entre deux sanctuaires de Shiva illustre la cohabitation des différentes mouvements religieux.

Le coeur du sanctuaire (garbha griha) contient un lingam symbolisant Shiva. Une petite salle de type mandapa, entouré par un gros mur extérieur laisse un petit espace pour la circumambulation de type Parikrama. À l'arrière ont trouve deux sanctuaires avec des orientations opposées. Le sanctuaire intérieur dédié à Ksatriyasimnesvara est accessible au travers d'un passage tandis que l'autre, dédié à Vishnou, est accessible par l'extérieur. Un sanctuaire plus petit est également dédié à Shiva dans son aspect Ksatriyasimnesvara.Un troisième vers l'intérieur des terres à l'ouest est dédié à un aspect de Vishnou : Vishnou reposant sur le serpent Sesha.

À l'extérieur, on trouve une petite statue de Dourga assise sur une grande statue de sa monture (vahana), le lion. La cavité dans le poitrail du lion contient une représentation de Durgâ Mahîshâsuramardini qui faisait probablement fonction d’autel. Le mur extérieur du sanctuaire de Vishnou et la face intérieure du mur d'enceinte sont abondamment décorées et surmontées de sculptures de Nandi (taureaux à bosse couchés) . Les murs extérieurs du temple, sont divisés en baies, dont la partie inférieure est sculptées de lions.

La Descente du Gange

La Descente du Gange est un bas-relief datant du VIIe siècle, probablement le plus grand au monde. Les sculptures qui couvrent la totalité de la surface de deux énormes rochers, soit 27 mètres de long sur 9 mètres de haut, dépeignent le cours du Gange depuis l'Himalaya tel que décrit dans le Panchatantra.

Selon le Ramayana, le roi d'Ayodhya Bhagiratha, de la lignée d'Iksvaku, lui-même ancêtre de Râma, se livra à une très dure ascèse durant mille ans afin d'accomplir les rites funéraires et purifier les cendres de ses soixante mille ancêtres. À force de courage, il obtint de Brahma la descente sur terre du Gange. Cependant le flot impétueux du fleuve aurait anéanti toute vie, tant sa force était grande si, à force de nouvelles austérités, le roi n'avait obtenu de Shiva la faveur de recueillir le Gange dans sa Jata (chignon d'ascète) pendant encore cent ans. Au terme de ces années, son cours avait été ralenti et Shiva put le laisser couler librement. Cependant, alors que le Gange dévalait son lit, il aspergea l'autel de l'ascète Jahnu, qui, contrarié, l'avala. Bhagiratha le pria de l'excuser, et l'ascète permit au Gange de sortir par son oreille afin de terminer son œuvre de purification, d'où le nom de Jahnavi, la fille de Jahnu, que l'on donne parfois au Ganga.

La fissure centrale représentant le cours du Gange est peuplée de créatures aquatiques tels des nâgas et naginis. De part et d'autre de cette représentation du fleuve, se trouve l'image de Shiva. Au-dessus de celle-ci, on trouve les ruines d'un réservoir, ce qui laisse penser qu'autrefois de l'eau s'écoulait pour matérialiser le Gange à l'occasion de rituel et d'offrandes. Hormis les nombreuses représentations divines, le bas-relief dépeint la vie de village en Inde au VIIe siècle, notamment des scènes de la vie quotidienne. Dans la partie supérieure, à droite de la fissure, le donateur et mécène, le roi Pallava Mahendravarman (580–630) est représenté en compagnie de ses trois épouses. Dans le bas, à droite de la fissure, on reconnaît un chat yogi en posture de méditation, des souris insouciantes dansant autour de lui. La scène figure un dicton de la sagesse populaire indienne qui conseille de se méfier des faux sâdhus. De part et d'autre de ce relief sont figurés de grands éléphants dont l'interprétation reste incertaine : ils figurent peut être les piliers du monde, placés dans le monde souterrain : c'est là que les ancêtres de Bhagiratha avaient été réduits en cendres par Brahma. Celui-ci, sous la forme du sage Kapila, avait dérobé le cheval de l'ashvameda pour faire mourir les fils de Sagara, les soixante mille ancêtres de Baghirata. Ces événements avaient pour but de préparer cette descente du Gange.

Le bas-relief est aussi appelé parfois la Pénitence d'Arjuna, du nom du principal héros des frères Pandava dans le Mahabaratha, répondant de fait à l'attribution des cinq Ratha du même site. À gauche du bas-relief, se trouve un petit temple excavé appelé Pancha Pandava Mandapa.

Galerie

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Les cinq Rathas


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Le Temple du Rivage


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La Descente du Gange

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