Madurai

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Madurai (மதுரை en tamoul) ou encore Madura est la seconde ville la plus importante et la capitale culturelle de l'État du Tamil Nadu

La ville

Madurai est situé sur les rives du fleuve Vaigai. Sa population dépasse 1,4 million d'habitants et elle est connue entre autres pour le temple de Mînâkshî situé au cœur de la ville et qui attire des milliers de touristes et de pèlerins. Capitale des Pândya, Madurai a une histoire de quelque 2500 ans et était un centre commercial que connaissaient les Romains.

La légende raconte que le jour où la ville devait recevoir son nom, tandis que le dieu Shiva bénissait sa terre et ses habitants, le nectar divin (madhu) se mit à pleuvoir depuis sa chevelure, ce qui fit que la ville reçut le nom de Madhurapuri. On la qualifie aussi parfois d'Athènes de l'Orient du fait de sa richesse architecturale en temples. Elle est aussi célèbre pour ses fleurs de jasmin que les femmes tamoules entremêlent dans leur coiffure.

Madurai est une des villes les plus anciennes de l'Inde, elle était un grand centre littéraire durant les trois premiers siècles de l'ère chrétienne, au cours de la période des « académies » ou Shangam, dont la ville était le siège, période considérée comme l'âge d'or de la langue tamoule.

Dès le IIIe siècle av. J.-C., Mégasthène, l'ambassadeur de Seleukos Nikator auprès du roi Chandragupta Maurya visite Madurai. Plus tard, Grecs et Romains viennent y faire commerce avec les rois Pândya. Madurai s'épanouit jusqu'au Xe siècle où elle est conquise par les rivaux traditionnels des rois Pândya, les Chola qui la gouverneront de 920 jusqu'au début du XIIIe siècle. En 1223, les Pândya recouvrent leur royaume et connaissent une nouvelle prospérité, entraînant un nouvel âge d'or pour la littérature tamoule. Marco Polo y aurait résidé de 1288 à 1293.

Mais, en avril 1311, Mâlik Kâfur, un général d'Alâ ud-Dîn Khaljî qui règne à Delhi, atteint Madurai et la pille, s'emparant de toutes les pierres précieuses, bijoux et autres trésors rares qu'il trouve dans la ville. Ce ne sera que la première des incursions que feront régulièrement les sultans musulmans et qui entraîneront la chute du royaume pândya et son intégration, en 1323, dans l'empire des Tughlûq qui règne depuis Delhi.

En 1371 cependant, le royaume de Vijayanâgara s'empare de Madurai et l'intègre à ses territoires. Les rois du Vijayanâgara avaient pour habitude de laisser leur conquête sous la direction de gouverneurs appelés Nâyaka qui payaient un tribut fixe annuel à l'empire. Après la mort du grand roi Krishnadevarâya Tuluva, advenue en 1529, les Nâyaka se rendent indépendants et règnent sur ces territoires pour leur propre compte jusqu'en 1736.

Parmi les Nâyaka, Tirumalai Nâyaka (1623-1659) est un dirigeant populaire qui orne la ville de bâtiments et de structures remarquables comme le râja gopuram, la tour principale, du temple de Mînâkshî ou le palais des Nâyaka, qui sera restauré en 1870. Les Nawab du Karnataka s'emparent de Madurai avant qu'elle ne passe sous le contrôle de la Compagnie anglaise des Indes orientales en 1801.

Le temple de Mînâkshî

Le Temple de Mînâkshî est un temple hindou, un des chefs d'œuvre de l'architecture dravidienne et l'un des temples en activité les plus importants de l'Inde. Il est consacré à Mînâkshî, un Avatar de la déesse hindoue Pârvatî, l'épouse de Shiva. Ainsi qu'à Shiva sous sa forme Sundareshvara (=le beau seigneur). Il comporte deux sanctuaires, un pour chacun des deux dieux. Il compte parmi les lieux saints de l'Inde les plus fréquentés et attire des pèlerins qui viennent s'y marier ou s'y purifier.

Minakshi signifie "aux yeux de poisson". Le mot est dérivé des mots mina (=poisson) et akshi (=yeux). Le temple attire 15 000 visiteurs par jour et 25 000 les jours de fête. Le festival annuel de Tirukalyanam en avril-mai dure 10 jours et attire 1 million de visiteurs.

Il a été construit à l'initiative de Vaishvanâtha et les travaux ont duré de 1560 à 1680, mais la majeure partie s'est déroulée entre 1623 et 1660 à l'initiative de Nayak Tirumalay.

Le temple est au cœur de la ville de Madurai. Comme les autres temples de style dravidien tardif, il est composé de multiples enceintes. La plus extérieure mesure 254 × 237 m. Sur les diverses enceintes, des tours-portails appelées gopurams permettent d'accéder au temple. Elles sont caractéristiques de l'Architecture dravidienne. La plus haute est le gopuram sud qui atteint 170 m de haut et a été construite en 1559. La plus ancienne est la gopuram est, construite par Maravarman Sundara Pandya entre 1216 et 1238. Les gopurams présentent une structure pyramidale avec de nombreux étages, recouverts de milliers de statues de pierre représentant des animaux, des dieux et des démons peints de couleurs vives.

Le sanctuaire de Mînâkshî et de son époux Sundareshwara sont entourés par trois enceintes rectangulaires successives avec sur chacune d'entre elles une tour à chacun des quatre points cardinaux. Leur hauteur est croissante de l'intérieur vers l'extérieur. Le sanctuaire de Mînâkshî contient une statue de la déesse en pierre de couleur sombre. C'est celui de Sundareshwara qui se trouve au centre du complexe, ce qui suggère que le culte de la déesse, bien que devenu prépondérant, est plus tardif. Les deux sanctuaires sont intégrés dans un bâtiment de toit pyramidal de type Vimana, recouvert de plaques en or. Le sommet doré peut être vu de loin à partir de l'ouest au travers d'ouvertures dans les tours successives. La surface du sanctuaire de Sundareshwara est exactement le quart de celle du temple. Et le quadruple de celle du sanctuaire de Mînâkshî.

La bassin principal de Porthamarai Kulam (=l'étang du lotus d'or), est un bassin rectangulaire de 165m sur 120m. Il est entouré de galeries et ses eaux sont considérées comme sacrées.

Le couloir qui entoure le sanctuaire de Mînâkshî est appelé Kilikoondu Mandapam (=le corridor des cages de perroquet). L'espace était utilisé autrefois pour présenter des perroquets verts entraînés à prononcer le nom de Mînâkshî. Il y a deux grandes cages avec des perroquets verts en semi-liberté.

Le Kambatadi Mandapam (=Salle du temple-arbre) avec son taureau Nandi assis (émanation de Shiva) présente plusieurs représentations de Shiva sculptées ainsi que la fameuse sculpture du Mariage de Mînâkshî. Les sculptures de Shiva et Kali dansant sont bombardées avec des boules de ghee par les fidèles. Un mât en or avec 32 sections symbolise la colonne vertébrale humaine et est entouré par divers dieux dont Durga et Siddar.

Le Mînâkshî Nayakkar Mandapam (=Salle aux 100 piliers) possède deux rangées de piliers sculptés avec des images de yali (une bête mythologique avec un corps de lion et une tête d'éléphant). Elle est souvent utilisée pour représenter la puissance de Nayak.

Le Ashta Shakthi Mandapam (=Salle des huit déesses) est la première salle à l'entrée de temple de Mînâkshî, à proximité du gopuram est. Les gopurams sont visibles depuis cette salle. La salle a été ainsi nommée en raison de la présence de huit formes de la déesse Shakti sculptées sur ses piliers. D'autres sculptures et peintures dépeignent le Tiruvilayadal (=les jeux sacrés de Shiva). Le Pancha Pandava Mandapam (Salle des cinq Pandavas) contient des sculptures de héros du Mahabharata et notamment les cinq Pandavas.

Le Viravasantharaya Mandapam est une grande salle avec des couloirs immenses. Au sud de cette salle se trouve le kalyana mandapam. C'est là que le mariage de Shiva et de Parvati est célébré chaque année durant le Festival de Chithirai à la mi-avril.

Le Mudali Pillai Mandapam ou Iruttu Mandapam (=Salle sombre) est un hall de grandes dimensions construit par Muthu Pillai en 1613. Sur les piliers du hall, des sculptures retracent l'histoire de Shiva prenant la forme de Bhikshatana pour enseigner aux sages.

Le Aayiram Kaal Mandapam (Salle des mille piliers) contient en fait 985 piliers sculptés. Elle a été construite par Ariyanatha Mudaliar en 1569. C'était le Premier ministre et le général de Viswanatha Nayak, le premier Nayaka de Madurai (1559-1600).

Il y a près de 50 prêtres qui effectuent la puja (rituels) quotidiennement et pendant les festivals. Ils vivent dans un secteur fermé situé au nord du temple. Le culte quotidien comporte quatre rituels : abhisheka (le bain sacré), alangaram (maquillage), neivethanam (repas) et deepa aradanai (l'agitation des lampes) pour à la fois Mînâkshî et Sundareswarar. Les cérémonies s'accompagnent de musique à base de Nâgasvaram (instrument à vent) et tavil (instrument de percussion), avec la lecture des Vedas par les prêtres et les prosternations des fidèles devant le mât du temple. La tradition est d'adorer Mînâkshî d'abord, puis Sundareswarar.

Le festival le plus important est le "Mînâkshî Thirukalyanam" (Le mariage divin de Mînâkshî) qui est célébré en Avril chaque année. Le mariage du couple divin est considéré comme un exemple typique de l'Inde du Sud avec un mariage matriarcal. Le mariage patriarcal est lui typique du Temple de Thillai Nataraja à Chidambaram. Le festival rassemble de grandes foules de fidèles à la fois Shivaïtes et Vishnuites.

Pendant le mois du festival, il y a plusieurs événements : Ther Thiruvizhah(festival du char) et "Theppa Thiruvizhah". Les principaux festivals hindous de Navratri et Shivrathri sont célébrés dans le temple. Comme dans la plupart des temples de Shakti du Tamil Nadu, les vendredis des mois tamouls de Aadi (Juillet-Août) et Thai (Janvier - Février) sont célébrés dans le temple par des milliers de dévots. "Avani Moola Utsavam" est un festival de 10 jours essentiellement consacré à Sundareswarar et ses diverss Thiruvilayadal (les jeux sacrés de Shiva) .


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