Les Nanas

Un article de Nezumi.

Les Nanas sont des sculptures de Niki de Saint Phalle, réalisées à partir de 1965.

Au début des années 1960, l'artiste présentait plutôt des femmes au corps délabré, blanches ou grises comme ou La Mariée (1963) ou Lucrezia (The White Goddess) (1964), peinture, plâtre grillage et objets divers. Vers 1965, et au début des années 1970, ce corps féminin va se recouvrir de surfaces décoratives, avec des poses festives, de grosses fesses, de grosses poitrines, des cabrioles. Ces femmes prennent progressivement consistance et en 1965 deviennent les Nanas, très colorées. L'artiste au physique idéal renoue avec les Vénus de la préhistoire, l'ancien mannequin pose la question de la place de la femme dans la société du XXe siècle et dans l’histoire de l’art. Elle appelle affectueusement chaque sculpture par un prénom, et nomme l’ensemble ses Nanas. Nana évoque les premiers mots de l’enfance, comme la position jambes écartées est celle d’une peluche ou d’un baigneur assis.

Dans le langage courant des sixties, une nana est un fille joyeuse et sans tabou. Souvent les bras atrophiés sont levés, la tête atrophiée. La nudité permet d’identifier une femme aux seins énormes et au sexe évoquant une fleur ou un insecte ailé. La surface est peinte de motifs variés : farandole de cœurs rouges, cible bariolée ou fleur sur les seins, quadrillages en jaccard ou lignes entremêlées. Nana est ainsi l’affirmation d’une identité féminine naturelle au sens de non bridée par l’éducation moralisatrice et ce qui est lié, par les interdits de la société.

Les nanas dansent, mais, comme le déclare un critique de l'époque «aussi enjouées soit-elles, elles vont inspirer une certaine angoisse dans les milieux artistiques et critiques d'art masculins. Les nanas font la fête, c'est à nos dépens. Messieurs, que ça se passe. Elles nous piétinent le ventre, l'armée, la morale, elles nous sautent sur la philosophie, elles nous font le grand écart sur la patrie [...] Niki de Saint Phalle sait se servir des armes féminines ».

De juin à septembre 1966, elle réalise avec l'aide de Jean Tinguely, Hon/Elle, une nana monumentale, mais éphémère de 28 m de longueur sur 6 m de hauteur et de 9 m de largeur, couchée sur le dos avec les jambes entrelacées au Moderna Museet de Stockholm, dans laquelle le public pouvait entrer par le vagin. À l'intérieur, ils peuvent découvrir plusieurs pièces réalisées par l'artiste.


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Nana Hanovre
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Clarisse, 1965

Voir aussi Les films d' Ann ; le cinéma de Nezumi; les Artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal