L'Homme qui tousse

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Pour Boltanski, c’est le cinéma d’abord qui l’interpelle lorsqu’il réalise ce film. C’est la vérité amplifiée par le mouvement et le son. Mais il se rend compte que le côté spectaculaire d’un film arrive grossièrement au spectateur, (alors que l’immobilisme d’une photo se laisse interpréter avec des paramètres individuels, donc plus nuancés, selon l’individu qui le reçoit. Et en ce sens, la photo est plus proche de la vérité pour tout un chacun).
 
Entrée dans une pièce vide et délabrée teintée de rouge et noir, ayant comme seule source de lumière celle du soleil en fin d’après midi, venant de la fenêtre au fond de la salle.
Entrée dans une pièce vide et délabrée teintée de rouge et noir, ayant comme seule source de lumière celle du soleil en fin d’après midi, venant de la fenêtre au fond de la salle.
La caméra filme en plongée, tremblante, un homme assis par terre, qui est en train de cracher du sang. Il est masqué par des bandelettes blanches, qui laissent seule la bouche visible.
La caméra filme en plongée, tremblante, un homme assis par terre, qui est en train de cracher du sang. Il est masqué par des bandelettes blanches, qui laissent seule la bouche visible.
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La caméra fait un travelling avant et arrière sur ce personnage. On l’entend tousser fortement comme s'il allait vomir, et il se met à cracher des jets de sang sur lui-même, sang qui se déverse sur ses jambes allongées sur le sol. Il a l’air d’être séquestré ; un emprisonnement, une souffrance qui donne un sentiment de claustrophobie également pour le spectateur. Le caméraman qui bouge devant l’homme en gardant comme seul sujet celui-ci pendant trois minutes rend le film inquiétant, perturbateur, et met mal à l’aise le spectateur.
La caméra fait un travelling avant et arrière sur ce personnage. On l’entend tousser fortement comme s'il allait vomir, et il se met à cracher des jets de sang sur lui-même, sang qui se déverse sur ses jambes allongées sur le sol. Il a l’air d’être séquestré ; un emprisonnement, une souffrance qui donne un sentiment de claustrophobie également pour le spectateur. Le caméraman qui bouge devant l’homme en gardant comme seul sujet celui-ci pendant trois minutes rend le film inquiétant, perturbateur, et met mal à l’aise le spectateur.
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Boltanski veut donner l’impression que le personnage est un souffre-douleur, sur qui convergent les mauvais traitements, non seulement comme ici physiques, mais aussi psychologiques, peut-être en relation avec la mémoire de la guerre, ses aberrations, le dégoût qu’elle engendre. Il nous livre par ce film un sentiment de rejet d’évènements qui ont marqué l’histoire, et qui l’ont touché personnellement.
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Pour Boltanski, c’est le cinéma d’abord qui l’interpelle lorsqu’il réalise ce film. C’est la vérité amplifiée par le mouvement et le son. Mais il se rend compte que le côté spectaculaire d’un film arrive grossièrement au spectateur, alors que l’immobilisme d’une photo se laisse interpréter avec des paramètres individuels, donc plus nuancés, selon l’individu qui le reçoit. Et en ce sens, la photo est plus proche de la vérité pour tout un chacun, mais le film
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==Fiche technique==
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Boltanski met le spectateur en position de voyeur et en fait le témoin d'une scène très noire. Il veut donner l’impression que le personnage est un souffre-douleur, sur qui convergent les mauvais traitements, non seulement comme ici physiques, mais aussi psychologiques, peut-être en relation avec la mémoire de la guerre, ses aberrations, le dégoût qu’elle engendre. Il nous livre par ce film un sentiment de rejet d’évènements qui ont marqué l’histoire, et qui l’ont touché personnellement.
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'''Fiche technique'''
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*Réalisation:[[Christian Boltanski]] ; Jean-Claude Valesy
*Réalisation:[[Christian Boltanski]] ; Jean-Claude Valesy
*Date de réalisation :1969
*Date de réalisation :1969
* Film 16 mm; couleur, sonore
* Film 16 mm; couleur, sonore
*Durée : 3 minutes
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[[Category:cinéma expérimental]]
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[[Category:œuvre réalisée en 1969]]
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Version actuelle

L'Homme qui tousse est un court-métrage de Christian Boltanski réalisé en 1969.

Entrée dans une pièce vide et délabrée teintée de rouge et noir, ayant comme seule source de lumière celle du soleil en fin d’après midi, venant de la fenêtre au fond de la salle. La caméra filme en plongée, tremblante, un homme assis par terre, qui est en train de cracher du sang. Il est masqué par des bandelettes blanches, qui laissent seule la bouche visible.

La caméra fait un travelling avant et arrière sur ce personnage. On l’entend tousser fortement comme s'il allait vomir, et il se met à cracher des jets de sang sur lui-même, sang qui se déverse sur ses jambes allongées sur le sol. Il a l’air d’être séquestré ; un emprisonnement, une souffrance qui donne un sentiment de claustrophobie également pour le spectateur. Le caméraman qui bouge devant l’homme en gardant comme seul sujet celui-ci pendant trois minutes rend le film inquiétant, perturbateur, et met mal à l’aise le spectateur.

Pour Boltanski, c’est le cinéma d’abord qui l’interpelle lorsqu’il réalise ce film. C’est la vérité amplifiée par le mouvement et le son. Mais il se rend compte que le côté spectaculaire d’un film arrive grossièrement au spectateur, alors que l’immobilisme d’une photo se laisse interpréter avec des paramètres individuels, donc plus nuancés, selon l’individu qui le reçoit. Et en ce sens, la photo est plus proche de la vérité pour tout un chacun, mais le film

Boltanski met le spectateur en position de voyeur et en fait le témoin d'une scène très noire. Il veut donner l’impression que le personnage est un souffre-douleur, sur qui convergent les mauvais traitements, non seulement comme ici physiques, mais aussi psychologiques, peut-être en relation avec la mémoire de la guerre, ses aberrations, le dégoût qu’elle engendre. Il nous livre par ce film un sentiment de rejet d’évènements qui ont marqué l’histoire, et qui l’ont touché personnellement.

Fiche technique

  • Réalisation:Christian Boltanski ; Jean-Claude Valesy
  • Date de réalisation :1969
  • Film 16 mm; couleur, sonore
  • Durée : 3 minutes

Voir aussi Les films d' Ann ; le cinéma de Nezumi; les Artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal