Histoire de l'Irlande

Un article de Nezumi.

Version du 19 mars 2013 à 20:41 par Nezumi (Discuter | Contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)

Histoire de l'île d'Irlande

De la Préhistoire à l'an Mil

Le premier peuplement humain de l'Irlande remonte vers 7000 av. J.-C, quand les chasseurs-cueilleurs sont arrivés de la péninsule Ibérique, probablement via l'Écosse. Les traces les plus anciennes ont été retrouvées dans le comté de Waterford, dans la région de l'actuelle Munster.

Le bouleversement des populations mésolithiques attesté vers 4000 av. J-C semble davantage résulter d’une mutation socio-économique interne plutôt que d'un apport extérieur de nouveaux venus. Le mode de vie évolue progressivement vers l'agriculture et l'élevage. La population vit dans des maisons rectangulaires en bois et utilise des outils en pierre polie et des poteries. C'est alors qu'on érige des dolmens à vocation funéraire (long barrows). Vers 2100 av. J.C, de nouveaux arrivants indo-Européens (Proto-Celtes) originaires du Nord-Ouest de l'Europe, introduisent progressivement leur hiérarchie sociale, leur religion et la langue pré-celtique. Toutefois, ils n'auraient pas été plus de quelques milliers.

L'âge du bronze commence autour de 2000 av. J.-C, lorsque du cuivre est allié avec de l'étain pour produire des objets en bronze. La période voit la production d'ornements complexes d'or, des armes et des outils et d'importants tumulus ronds (round barrows). C'est de cette époque que date l'exploitation de mines de cuivre dans les régions de Cork et Kerry et d'or dans le Wicklow.

L'Âge du fer commence vers 700 av. J.C avec l'arrivée des Celtes en Irlande en provenance de Grande-Bretagne. Ils partagent un certain nombre de traits culturels communs avec les autres peuples celtes du centre et de l'ouest de l'Europe.

La structure de la société celtique reprend le schéma de la structure sociale tripartite des Indo-européens au sommet de laquelle on trouve une classe sacerdotale composée des druides, des bardes et des vates. Les druides ont en charge la religion, le sacrifice, la justice, l’enseignement, la poésie, la divination ; les bardes sont spécialisés dans la poésie orale et chantée et doivent faire la louange, la satire ou le blâme ; les vates sont des devins qui se consacrent plus particulièrement à la divination et à la médecine. En Irlande, les filid (bardes) deviennent les membres les plus influents de la classe sacerdotale, dont une des prérogatives est de conseiller le roi. La deuxième classe de la société est celle des guerriers et la troisième est celle des producteurs, artisans, agriculteurs et éleveurs.

Ces clans fusionnent progressivement pour constituer quatre royaumes (ou provinces) : l’Ulster, le Leinster, le Munster et le Connacht (Connaught). Au début du Ve siècle, un Ard ri Érenn (roi suprême d’Irlande) étend son pouvoir sur toute l’île, il siège à Tara capitale de Meath. Les autres rois lui doivent le «  boroma  », tribut payable en bétail, son non-paiement entraîne des guerres dont la mythologie se fait l’écho, tout autant que les razzias.

Les Romains, qui occupent la Britannia (Grande-Bretagne actuelle), n'occupent jamais l'Irlande, bien qu'il la connaissent sous le nom d' Hibernia.

La christianisation de l’Irlande marque la fin de la civilisation celtique, du moins en ce qui concerne sa mythologie, car la structure de la société s’est maintenue, avec une classe sacerdotale prédominante. Les circonstances exactes de l’introduction du christianisme dans l’île sont mal connues, d’autant que les textes relatifs à son initiateur, Saint Patrick sont largement hagiographiques.

La conversion du pays s'est faite pacifiquement par des filid devenus les porteurs de la nouvelle religion. Initialement romain, le rituel s’est celtisé, favorisant un monachisme qui deviendra une référence en Europe. Clonard, Clonmacnoise, Glendalough deviennent d'importants centres spirituels. L’église d’Armaght est fondée vers 445. Le VIe siècle voit la fondation du monastère de Bangor (en 558) par Comgall et celui de l’île d’Iona par Colomba, qui deviennent la base de départ de l’évangélisation de l’Écosse. Ce n’est qu’au VIIe siècle que le synode de Whitby (664) rejette la liturgie irlandaise au profit de la liturgie romaine.

Sur le plan intellectuel, l'Irlande vit alors un âge d’or par le dynamisme de ses institutions religieuses, mais sur le plan politique, l’île est divisée entre près de cent cinquante tuatha (les clans), chacun dirigé par un rí (roi). Ces chefs sont eux-mêmes assujettis au roi d’une des cinq provinces (Ulster, Connacht, Munster, Leinster et Meath). Le Ard rí (roi suprême) est plus un titre honorifique qu’une réelle autorité.

Au VIIIe siècle, la croissance démographique et des guerres de succession entraînent des peuples scandinaves, Norvégiens et Danois, à sortir de leurs territoires. Les Varègues partent vers l’est et fondent en Russie des embryons d’États, les Vikings déferlent sur les îles Britanniques.

Les premières expéditions Vikings attestées datent de 795. Les Vikings brûlent l’église de l’île de Lambay ainsi que les monastères d’Inisbifin et d’Inismurray, qui subira un nouvel assaut en 807. Dès 812, les raids se concentrent sur la côte ouest, puis sur les rivages de la mer d'Irlande. Au début des années 820, le tour de l’île est accompli. Pendant une quarantaine d’années, les Vikings multiplient les raids et le razzias, privilégiant les monastères, plus riches en trésors. En 836, ils empruntent la rivière Shannon et pillent le Connaught. L’année suivante, deux flottes d’une soixantaine de « drakkars » chacune reconnaissent la Liffey et la Boyne ; les territoires sont ensuite systématiquement ravagés, les habitants massacrés. L’hiver 840-841 marque une étape, puisque pour la première fois les Vikings passent la saison dans l’île et s’installent dans des places fortifiées qui deviennent aussi des lieux de commerce : Dublin, Annagassan, puis par la suite, Wexford, Cork, Limerick, etc. Ce sont autant de bases retranchées qui permettent des expéditions vers l’intérieur.

L’Irlande médiévale voit la montée en puissance de deux grands rois : Brian Boru au Sud et Mael Sechnaill au Nord. Le premier étend son influence sur le Munster et s'empare de la ville viking de Limerick tandis que le second, devenu roi de Tara, remporte la bataille de Tara en 980 sur les Vikings et assiège avec succès la ville de Dublin. Ces deux rois cherchant à étendre leurs aires d’influence entrent bientôt en conflit, qui voit le triomphe de Brian Boru en 1002 avec la soumission de Mael Sechnaill sans qu'aucun combat n'ait eu lieu. Brian Boru se déclare alors roi suprême d’Irlande, non sans opposition.

Mael Morda, s’allie avec les Vikings contre Brian Boru. Ce conflit culmine lors de la bataille de Clontarf en 1014, remportée par Brian Boru mais lors de laquelle il trouve la mort, assassiné par un Viking en retraite alors qu’il se trouvait sous sa tente. Clontarf marque donc la fin de deux ères : celle de la terreur occasionnée par les Vikings et celle du premier roi suprême d’Irlande. Dès lors, les Vikings se soumettent aux rois d’Irlande et ne gardent qu’un peu d’autonomie dans leurs villes côtières de Dublin, Waterford, Limerick, Wexford et Cork. Ils seront progressivement assimilés dans la population gaélique. La succession de Brian Boru sera difficile, de nombreux rois se la disputant. C’est finalement son principal rival, Mael Sechnaill qui lui succède jusqu’à sa mort en 1022.

La domination anglaise

Diarmait MacMurrough, roi de Leinster chassé d’Irlande, part chercher secours auprès du roi Henri II d'Angleterre. Il rencontre celui-ci en 1166 en Aquitaine. Celui-ci voit dans les vœux de loyauté du roi de Leinster une occasion de conquérir l’Irlande. Toutefois, trop occupé à ce moment par la guerre contre la France, il ne peut se permettre d’envoyer des troupes en Irlande et offre à MacMurrough la possibilité de demander de l’aide à un de ses vassaux pour reconquérir son royaume. Le roi Henri II, considérant le développement d’un royaume normand indépendant en Irlande comme un danger pour l’Angleterre intervint en 1171, débarquant avec une imposante armée et instituant son fils cadet John comme seigneur d’Irlande.

Au cours du XIVe siècle, l’influence normande fut fortement diluée par une recrudescence de la culture gaélique. Pour contrecarrer la gaëlicisation des populations normandes en place, les statuts de Kilkenny sont votés en 1366 au parlement irlandais. Par exemple, ces lois interdisent aux Normands le port de vêtements irlandais traditionnels ou l’usage de la langue irlandaise, de façon à séparer les deux populations. Progressivement, l’aire de domination normande se réduit aux alentours de Dublin, sans que l’Angleterre, trop occupée par la Guerre de Cent Ans contre les Français, ne puisse intervenir.

En 1494, la couronne anglaise déclare sa domination sur toute l'île par la loi Poynings qui soumet le parlement irlandais à une totale obéissance à l’Angleterre. L’opposition irlandaise reste toutefois forte, notamment par le biais de la dynastie des Fitzgerald, comtes de Kyldare, qui a une très grande influence.

En 1541, Henri VIII prend le titre de roi d'Irlande. La colonisation par les confiscations de terres se développe alors. Henri VIII, en conflit religieux et politique ouvert avec la Papauté, souhaite également réformer l’Église irlandaise. Cependant les mesures législatives entreprises pour convertir les Irlandais ont peu de résultat, ceux-ci restant attachés au catholicisme et associant anglicanisme et protestantisme avec l’impopulaire administration anglaise et ses mesures répressives.

En 1595, une révolte est entamée contre les Anglais, menée par Hugh O'Neill, comte de Tyrone qui s’est allié avec les principaux chefs d’Ulster, partie de l’Irlande qui échappe toujours au contrôle anglais. Après quelques succès significatifs, O’Neill sera finalement défait par les troupes envoyées par la reine Élisabeth I et perdra la guerre de Neuf Ans.

En septembre 1607, les comtes embarquent avec leur famille sur un bateau à destination de l'Europe continentale. Cet épisode de l’histoire irlandaise est connu sous le nom de « Fuite des comtes ». Les Irlandais, privés de leurs dirigeants, se retrouvent à la merci de la couronne anglaise qui intensifie les confiscations de terres et les plantations, notamment en Ulster, conduisant à une arrivée massive de colons de confession protestante.

Les paysans privés de terres sont pour une bonne partie d'entre eux obligés de devenir des engagés (indentured servants) qui fuient vers l'Amérique, où plutôt vers la seule colonie américaine alors accessible pour un Irlandais, la petite île Barbade, à l'extrémité orientale des Antilles.

Une grande révolte éclate en 1641, année de la première révolution anglaise. Les Irlandais ont alors profité de la situation confuse pour tenter de recouvrer leur indépendance mais se heurtent à Oliver Cromwell en 1649 lors des massacres de Drogheda et Wexford, après que Cromwell eut réussi à mater les rébellions dans la New Model Army. Cromwell débarque à Dublin (durant l'été 1649) avec ses soldats, les « Côtes de Fer » et organise un véritable massacre. Après sa défaite, l'Irlande est soumise à l'autorité et aux lois de l'Angleterre et les terres du nord du pays sont confisquées et attribuées à des colons venus d'Écosse et d'Angleterre.

Jacques II, roi catholique chassé du trône de l'Angleterre protestante, tente de reprendre pied en Irlande et y est défait à la bataille de la Boyne (1690), le sort de l'Irlande s'aggrave encore. En 1695, Guillaume III promulgue des « lois pénales » anti-catholiques.

La société des patriotes irlandais s’est radicalisée et s’est transformée en une société secrète à la suite de son interdiction. Leur programme était plus radical : « renverser la tyrannie gouvernementale, briser les liens qui attachent l’Irlande à l’Angleterre, conquérir une réelle indépendance, et enfin oublier les particularismes religieux. Les patriotes irlandais cherchèrent l’alliance de la France, en guerre avec l’Angleterre depuis 1793. Des contacts ont été établis entre le gouvernement français et le directoire exécutif des irlandais unis. Ce fut Theobald Wolfe Tone qui fut le véritable artisan de l’alliance franco-irlandaise. Réfugié à Paris, il a harcelé les ministres et fini par les rallier à sa cause. Le général Lazare Hoche fut chargé de monter l'Expedition d'Irlande (1796). Une armée de 15 000 hommes embarqués sur quarante deux vaisseaux est sortie de la rade de Brest le 15 décembre 1796. Mais elle fut dispersée par la tempête.

En 1798, une dénonciation permit au gouvernement de décapiter l’organisation révolutionnaire, et une dizaine de chefs sont arrêtés. C’est dans ce climat de violence et de méfiance débute l’insurrection générale le 23 mai 1798, elle fut écrasée par des forces anglo-irlandaises le 21 juin 1798. La rébellion de juin 1798 a échoué car le mouvement était désorganisé et la plupart des chefs des Irlandais Unis étaient en prison. Ce nouveau soulèvement est nourri aussi bien par l'émancipation des États-Unis que par l'exemple de la Révolution française (il est commémoré par la chanson The Wind That Shakes the Barley).

La répression est terrible et le 1er août 1800, en réaction, la Grande-Bretagne proclame un « acte d'union » unissant totalement l'Irlande au nouveau Royaume Uni.

Le XIXe siècle est marqué par une émigration massive des Irlandais (plusieurs millions) en direction de l'Amérique, émigration accrue par les conséquences de la terrible famine qui sévit en Irlande entre 1846 et 1848. Cette famine est d'ailleurs l'objet de controverses : les nationalistes irlandais considérant que c'est délibérément que la couronne britannique a laissé les Irlandais mourir de faim. La population irlandaise diminue de moitié entre le début des années 1840 et la fin du XIXe siècle.

Mais à la fin du XIXe siècle, le mouvement pour l'indépendance reprend de la force, les élus irlandais au parlement britannique s'en font l'écho. Une suite de réformes agraires commence à restituer des terres aux Irlandais. En 1905, le Sinn Féin indépendantiste est fondé. De son côté, James Conolly fonde le premier journal socialiste irlandais : Workers' Republic. Des syndicats irlandais se développent.

La lutte pour l'indépendance

En 1912, le Home Rule est voté, donnant une autonomie relative à l'île. Néanmoins le pouvoir suspensif de la Chambre des Lords puis le déclenchement de la Première Guerre mondiale l'empêcheront d'être mis en œuvre.

En 1916, sous la direction de l'Irish Republican Brotherhood, du Sinn Féin et de l'Irish Citizen Army de James Conolly, éclate l'insurrection de Pâques 1916 à Dublin, qui proclame la République au nom de Dieu et des générations disparues. Elle est écrasée au bout d'une semaine. Mais le Sinn Féin en retire une popularité accrue : il remporte triomphalement les élections de décembre 1918, constitue un parlement irlandais (le Dáil Éireann) et proclame l'indépendance. Le pouvoir britannique dissout le parlement. Un nouveau soulèvement éclate, qui va durer trois ans.

Voir aussi Les films d' Ann ; le cinéma de Nezumi; les Artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal