George Mallory

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George Herbert Leigh Mallory, né le 18 juin 1886 à Mobberley dans le comté de Cheshire, Grande-Bretagne, et aperçu pour la dernière fois le 8 juin 1924 sur la crête nord de l'Everest, alpiniste britannique.

Biographie

Fils d'un ecclésiastique, il est le frère aîné de Trafford Leigh-Mallory, commandant de la Royal Air Force. Enfant, il était un grimpeur passionné, et exerçait ses qualités naissantes en escaladant des arbres ou de nombreux bâtiments.

À l'âge de 14 ans, il obtient une bourse pour étudier les mathématiques au Winchester College. En octobre 1905, il entre au Magdalene College de Cambridge pour y étudier l'histoire. Depuis ses études à Cambridge, Mallory fréquente le «groupe de Bloomsbury», Virginia Woolf (elle-même fille d'un alpiniste), l'économiste John Maynard Keynes. Ses amis sont sous le charme, l'historien Lytton Strachey écrit à Virginia Woolf: «Il mesure un mètre quatre vingts, le corps d'un athlète de Praxitèle, la jeunesse et le piquant d'un inimaginable jeune garçon anglais."» Et poursuit: «Pour le reste, il veut devenir instituteur et son intelligence n'a rien de remarquable. Mais qu'en a-t-il besoin?»

Le 29 juillet 1914 il épouse Ruth Turner. Le Royaume-Uni étant alors impliqué dans la Première Guerre mondiale, une lune de miel dans les Alpes est inenvisageable, et le jeune couple part camper. Les habitants locaux se méfient de ces jeunes gens vivant dans les bois, et ils sont arrêtés car soupçonnés d'être des espions allemands.

George a été artilleur durant la Première Guerre mondiale, qu'il termina comme premier lieutenant. Le 9 septembre 1915 est née Frances Clare, sa première fille. Sa seconde fille, Beridge Ruth, est née le 16 septembre 1917. Son fils John est né le 21 août 1920, une demi heure avant qu'il ne rentre d'une course dans les Alpes. Depuis qu'en 1921, il a accepté de partir pour la première fois à l'Everest, il néglige famille, métier, vocation. Il devient l'âme des trois expéditions britanniques qui se succèdent dans l'Himalaya.

L'alpiniste

Dans une conférence à New York, il a répondu aux journalistes, qui lui demandaient sans relâche pourquoi il voulait escalader le mont Everest, « Parce qu'il est là » (Because it is there). Ce sont les quatre mots les plus célèbres de l'alpinisme.

En 1904, Mallory et un ami essaient de gravir le mont Vélan dans les Alpes, mais doivent faire demi-tour peu avant le sommet à cause du mal de l'altitude. En 1911, il escalade le Mont Blanc.

En 1913 il était au sommet de ses qualités de grimpeur, et a escaladé seul le Pillar Rock, dans le parc national de Lake District, ce qui est maintenant connu comme la « voie Mallory ». Elle a été pendant de longues années considérée comme la voie la plus difficile au Royaume-Uni. En 1914, il publie un essai, The Mountaineer as Artist. Pour lui, une course en montagne est une symphonie. En montagne, ses compagnons ne voient qu'un rêveur dénué de tout sens pratique, un «alpiniste compétent, sans plus»

En 1921, dans le cadre d'une expédition explorant des voies menant au col Nord (col reliant le Changtse à l'Everest), il escalade plusieurs sommets proches de l'Everest afin de s'approprier la géographie de la région.

Lors de l'expédition britannique à l'Everest de 1922, alors que Mallory dirige une expédition en contrebas du col Nord, une avalanche emporte le groupe, tuant sept sherpas.

En 1922, il refuse encore l'emploi de l'oxygène, mais cela ne l'empêche pas d'être le premier à dépasser 8 000 mètres d'altitude, avec Sommerwell et Norton. Les hommes sont épuisés, mais ils ont découvert deux choses capitales, qui vont dominer l'histoire de la conquête de l'Everest. Primo, les appareils à oxygène, mêmes rudimentaires et lourds (15 kilos), sont un atout précieux. La cordée qui les a utilisés est montée plus vite et un peu plus loin que l'autre. Secundo, l'organisme s'adapte à l'altitude, s'acclimate.

Il fait à nouveau partie de l'expédition britannique à l'Everest de 1924. Le 8 juin 1924, George Mallory et Andrew Irvine essaient d'atteindre le sommet de l'Everest par la voie passant par le col nord. Leur compagnon d'expédition Noel Odell a rapporté les avoir vus à 12h50 dans l'ascension d'un des ressauts de la crête nord, et progressant fortement vers le sommet, mais aucune preuve n'a montré qu'ils ont effectivement atteint le sommet. Ils n'ont jamais rejoint le camp avancé et sont morts quelque part dans la montagne.

En 1995, le petit-fils de Mallory, George Mallory II, a atteint le sommet de l'Everest.

Ont-ils atteint le sommet ?

Le 4 juin 1924, Norton, parti du camp VI, atteint l'altitude de 8 573 mètres, sans oxygène.
Le 5 juin 1924 Mallory estime que la voie est ouverte pour une dernière tentative vers le sommet, avec oxygène cette fois. Il choisit pour partenaire Andrew Irvine, étudiant bricoleur, un «gamin» de 22 ans sans expérience. Et écarte le géologue Noel Odell, pourtant expérimenté et en pleine forme, au motif qu'Irvine a montré sa parfaite connaissance des appareils à oxygène.
La suite de l'histoire, la disparition, puis l'énigme, ne repose d'abord que sur le témoignage du géologue Noel Odell. Lequel monte vers le camp VI, d'où les deux hommes sont partis le matin. Les nuages voilent la montagne. A 12h50, dans une éclaircie, Odell vit deux points noirs se déplacer vers le haut. Mais son témoignage ne permet pas de savoir si ils ont franchi le 2ème ressaut.

En 1933, un alpiniste britannique découvre à 8 400 mètres d'altitude un piolet qui ne pouvait avoir appartenu qu'à Mallory ou à Irvine. Etaient-ils tombés? A la montée ou à la descente? Le piolet marquait-il le lieu de l'accident?

Le 2ème ressaut, très délicat, équipé de nos jours de cordes fixes et d'une échelle
Le 2ème ressaut, très délicat, équipé de nos jours de cordes fixes et d'une échelle

Le 1er mai 1999, une expédition américaine en partie commanditée par Nova (une série télévisée scientifique) et la BBC a retrouvé le corps congelé de George Mallory à l'altitude de 8290 mètres sur la face nord de l'Everest. Toutefois, ils n'ont été en mesure de localiser aucun des deux appareils photo que les deux alpinistes avaient emportés avec eux. Des experts de chez Kodak ont estimé qu'en cas de découverte d'un des appareils photo avec sa pellicule, ils seraient peut-être en mesure de la développer de manière à produire des images exploitables.

En 2004, une nouvelle expédition est formée afin de trouver les appareils photo, mais sans résultats. Une troisième expédition a également échoué dans cette quête en 2005. La question du succès ou de l'échec de Mallory et Irvine reste pour l'instant sans réponse, faute de preuve formelle.

En 1975, un alpiniste chinois du nom de Wang Hongbao a rapporté à un de ses compagnons japonais avoir aperçu un vieux corps d'alpiniste britannique, lors de l'expédition chinoise de 1960, près de l'endroit où fut ultérieurement retrouvé le corps de Georges Mallory. A priori, la position du corps telle que décrite par cet alpiniste chinois à son compagnon japonais ne correspondait pas à la posture dans laquelle fut retrouvé Mallory. De plus la mention d'une blessure à la joue ne correspondait pas non plus à l'état de la dépouille de Mallory (atteint notamment d'une grave blessure au front). Cet alpiniste chinois fut emporté par une avalanche le lendemain. C'est notamment sur ce témoignage que se basèrent les recherches de 1999 qui conduisirent à la découverte de Georges Mallory. Les différences constatées laissèrent alors à penser que non loin du corps de Mallory gisait Andrew Irvine, vu par l'alpiniste chinois en 1960. Mais aucune recherche ultérieure ne permit de le découvrir.

La fille de Mallory a toujours dit que son père portait sur lui une photo de sa femme avec l'intention de la laisser au sommet quand il l'aurait atteint. Cette photo n'a pas été retrouvée sur son corps. Étant donnée l'excellente conservation du corps et des vêtements de Mallory, cette absence de photo laisse à penser qu'il a pu avoir atteint le sommet et y avoir déposé la photo.

Les lunettes de Mallory étaient dans sa poche lors de la découverte de son corps, ceci peut indiquer qu'il est mort de nuit. Peut être que lui et Irvine avaient fait un effort final pour atteindre le sommet et étaient en train d'effectuer la descente très tard dans la journée. La montre d'Irvine a été retrouvée, en bon état, le ressort détendu. Ce qui prouve qu'il n'a pas fait de chute grave, mais ne donne aucune indication sur l'heure de la mort

Toutefois, il n'est toujours pas certain qu'ils aient atteint le sommet. Depuis le lieu où il est généralement admis qu'ils ont débuté leur ascension, ils auraient mis environ onze heures. Ils disposaient de seulement huit heures d'oxygène, ils ont pu se retrouver à court d'oxygène avant la fin de leur périple. En tout état de cause, un élément déterminant serait la découverte d'un artefact laissé par les deux hommes au-dessus du second ressaut. Il est en effet impossible qu'une trace de leur passage au sommet ait pu subsister, alors que les zones rocheuses entre le 2e et le 3e ressaut ont pu conserver une preuve de leur passage.

Beaucoup de grimpeurs actuels expérimentés ne sont pas d'accord sur le fait que Mallory ait pu être capable d'escalader le difficile second ressaut sur la crête nord, qui se passe maintenant avec l'aide d'une échelle en aluminium placée par des chinois en 1975 pour esquiver la difficulté. Toutefois, Mallory est connu pour avoir surmonté un obstacle semblable dans le Nesthorn, et aucun de ses compagnons ne doutait de ses aptitudes et de sa motivation.

L'alpiniste italien Reinhold Messner est quant à lui formel, estimant que les deux hommes ne pouvaient pas franchir le deuxième ressaut à cette époque : « C'était impossible de le franchir en chaussures à clous ... Ils n'avaient pas non plus de pitons et qu'une fine corde de soie. En 1924, il était impossible de franchir un sixième degré à 8 600 mètres... À cette altitude, escalader le deuxième ressaut n'a rien à voir avec l'escalade d'une falaise en Angleterre. »

Même si la preuve est un jour faite que Mallory et Irvine ont effectivement atteint le sommet de l'Everest, peu considèrent qu'il faudrait alors réécrire l'histoire pour leur attribuer la première ascension. Les montagnards s'accordent généralement sur le fait qu'une ascension victorieuse implique non seulement d'atteindre la sommet, mais aussi de revenir en bas. Le propre fils de Mallory a d'ailleurs toujours eu des sentiments mitigés sur la célébrité posthume de son père, expliquant qu'il aurait préféré avoir un père qu'une légende.

Ce débat est un sujet central de la bande dessinée Le Sommet des dieux de Jirô Taniguchi.

Voir aussi

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