Fontaine (Duchamp)

Un article de Nezumi.

Fontaine (en anglais: Fountain) œuvre de l'artiste Marcel Duchamp, créée en 1917.

Généralement désignée comme « l'urinoir », c'est l'une de ces pièces que Duchamp appelait les ready-made, puisqu'il utilisait un objet « déjà fabriqué ». Cette œuvre est constituée d'un urinoir en faïence blanche, portant la signature « R. Mutt 1917».

L'œuvre fut proposée pour une exposition artistique en tant qu'acte de provocation, et fut perdue peu après. Fontaine apparaît aujourd'hui comme une icône de l'art du XXe siècle, et ses répliques certifiées par Duchamp dans les années 1960 sont aujourd'hui exposées dans les musées.

Historique

Il s'agissait initialement d'une blague pour épater le New York mondain du salon des Arensberg que fréquentait alors l'artiste. L'idée était d'exposer un objet ridicule à l'intérieur d'une exposition. Duchamp soumit son objet à l'appréciation de la Society of Independent Artists, dont il était membre, et son œuvre fut rejetée comme n'étant pas de l'art ("not being art"). En défense du travail artistique de Duchamp, Beatrice Wood écrivit que « Les seules œuvres d'art que l'Amérique ait données sont ses tuyauteries et ses ponts ». Finalement acheté par le couple Arensberg, l'objet fut remisé, oublié, perdu, retrouvé et volé.

En 1963, dans le cadre de la première grande rétrospective dadaïste, au Pasadena Museum of Art de Los Angeles, il est demandé à Marcel Duchamp de récréer "Fontaine", et devant le succès, il reçoit la commande d'une vingtaine d'exemplaires supplémentaires.

Marcel Duchamp a, à travers son urinoir, ouvert une nouvelle ère artistique, où l'art contemporain puise ses racines : l'art conceptuel notamment reconnaît, dès son émergence dans les années 1960, la parenté de Marcel Duchamp. Amateur de jeux de mots, Duchamp valorise l'idée au détriment de la technique, la conception d'une œuvre devient l'objet d'un processus intellectuel plutôt que d'un savoir-faire et d'une finalité formelle.

Ces urinoirs sont signés "R. Mutt.", une explication suggère que ce nom découle de l'expression allemande armut qui signifie la pauvreté. On notera aussi qu'on peut décomposer "R. Mutt" en "R M u-t-t" qui donne "Ready-made eut été". On peut aussi y voir "Mutt R", soit Mutter, la mère en Allemand. Une autre interprétation veut qu'on comprenne "R. Mutt" comme "art mute" (en anglais) ; autrement dit, Duchamp, par cette signature, aurait signifié la mutation de l'art qu'il était en train d'opérer.

Le Pop art réactivera dans les années 1960 le concept de ready-made, devenu un médium courant par la suite, poursuivant le processus de désincarnation visuelle de l'objet d'art entamé par Duchamp. Les leitmotiv du détournement, du transfert, faisant écho à l'essor de la psychanalyse au début du XXe siècle, sont constitutifs de l'esprit frondeur du mouvement dada, refusant la linéarité sémantique plate des objets qui nous entourent.

En novembre 1999, un des urinoirs a été vendu aux enchères pour la somme de 1,677 million d'euros. Un des urinoirs, créés par Duchamp durant sa vie, peut être vu au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou depuis 2002, un autre est visible à l'Indiana University Art Museum.

En 2008 Jean-Michel Ribes prétend avoir retrouvé l'original de 1917: Il serait présent dans les toilettes de son Musée imaginaire

Voir aussi Les films d' Ann ; le cinéma de Nezumi; les Artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

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