Erró

Un article de Nezumi.

Erró (de son vrai nom Guðmundur Guðmundsson), né le 19 juillet 1932 à Ólafsvík, Islande) est un peintre contemporain islandais.

Sommaire

Biographie

Son premier nom d'artiste était Ferro. Il l'avait trouvé à la suite d'un voyage en Espagne, en 1952, à Castel del Ferro. Il avait adopté ce nom, car en islandais, ‘’fer ro’’ signifie ‘’la tranquillité qui part’’. Pour éviter la confusion avec l'artiste brésilien, Gabriel Ferraud, il décide de faire tomber le "F". En islandais ‘’er ro’’ veut dire ‘’maintenant c'est calme’’ .

Erró étudie l'art de 1949 à 1956 à Reykjavík puis à Oslo en Norvège et à Florence en Italie. En 1955, il entre à l'École de mosaïque de Ravenne. Il s'installe à Paris en 1958 où il rencontre des artistes, des écrivains et des critiques liés au mouvement surréaliste : Breton mais aussi Matta, Brauner, Masson, Max Ernst, Man Ray, Miro et Marcel Duchamp.

Il étudie la gravure, la fresque et la peinture aux Beaux-Arts de Reykjavik (1949-1951), puis à l’Académie d’arts d’Oslo en Norvège (1952). Il apprend ensuite la mosaïque à Ravenne. A Florence en 1955, il reprend l’atelier de son ami Fernando Botero, dans lequel il peint de grands formats. Sa première exposition personnelle, sous le nom de Ferró, se tient à la Galleria Montenapoleone de Milan en 1956. Alain Jouffroy, Matta et Jean-Jacques Lebel deviennent ses amis. En 1958, il s’installe à Paris où il rencontre André Breton et les artistes surréalistes qui l’initient au collage. Il multiplie les assemblages d’images récupérées. Il transpose ensuite ces maquettes sur la toile, à main levée, puis à l’épiscope, procédant par séries.

En 1961, il participe pour la première fois au Salon de mai et à la Biennale de Paris. Il puise son inspiration dans l’univers des sciences et techniques, comme dans la série Les Usines (1959-1962) ; il publie les manifestes Mecanismo et Mecanismo n°2 en 1962 et 1963. Il expose alors en Italie, France, Belgique. Ses séries mettent en scène avec une cruelle ironie les aberrations de la société de consommation, de la culture de masse. Il exploite l’iconographie la culture populaire : bandes dessinées, photos de presse, catalogues de vente, images de propagande, portraits de stars et de dirigeants, chefs-d’oeuvre de la peinture occidentale, clichés de l’exotisme.

En 1963, il se rend à New York, sillonne les supermarchés et fast-foods. Il côtoie les artistes du Pop Art, Rauschenberg, Rosenquist, Oldenburg ou Warhol. La galerie Gertrude Stein lui consacre en 1964 une exposition personnelle à New York, événement rare à cette époque pour un artiste installé en France. Jusqu’en 1965, il réalise ou joue dans de nombreux films expérimentaux. Il organise des performances, notamment avec Jean-Jacques Lebel ; le happening Gold Water est dirigé contre le gouvernement américain engagé dans la guerre du Vietnam. La critique des pouvoirs impérialistes et des dictatures dans le monde à travers une dérision faite de rapprochements acides occupe une part grandissante de son travail à partir des années soixante-dix.

Son travail, fondé sur la réutilisation jubilatoire et provocante d’images l’amène à participer à l’exposition La Figuration narrative dans l’art contemporain (1965).

Voyageur infatigable, il collecte des images en URSS (1965, 1968), à Cuba (1967), New-York, Berlin (1970) et fait un tour du monde durant neuf mois (1971). A l’initiative de Wilfredo Lam, il exécute avec 80 autres artistes un spectaculaire Mural à la Havane en 1967. La réalisation de peintures murales lui permet d’insérer visiblement son travail dans la société, à Angoulême (1982), à la Mairie de Lille (1988), à la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris (1990) ou à la station de métro Oriente de Lisbonne (1998).

A partir de 1972, les expositions et rétrospectives se succèdent à travers le monde, à Reykjavik, au Japon, à la Biennale de Venise, au Jeu de Paume à Paris en 1999. Il affine ses compositions et ses enchevêtrements au fil des années, tout en restant fidèle au style mis en place au début des années soixante. En 2001, la Collection Erró du musée de la Ville de Reykjavík est présentée au public dans son nouveau cadre à Hafnbarhúsid.

Ses peintures exubérantes offrent un regard critique sur la société de consommation et les systèmes d’oppression à travers le monde. Ses compositions, saturées d’images issues de répertoires visuels divers, jouent sur les contrastes marqués des styles et des couleurs vives, l’accumulation, l’absence de structuration, déclenchant un choc visuel. Les rencontres les plus inconcevables semblent naturelles dans ses toiles.

Principales expositions

  • 1956 : Première exposition personnelle, Galleria Montenapoleone, Milan
  • 1957 : Maison des Artistes, Reykjavik.
  • 1958 : Musée National Betzalel, Jérusalem. Musée d'Art Moderne, Haifa.
  • 1960 : Galerie Chirvan, Paris,
  • 1964 : Gertrude Stein Gallery, New-York.
  • 1969 : A.R.C., Musée d'Art Moderne, Paris.
  • 1970 : Musée Galliera Paris.
  • 1975 : Expositions personnelles à travers la France sous l'égide du Centre Georges Pompidou de Paris
  • 1978 : Kjarvalshus, Reykjavik.
  • 1981 : Randers(Danemark), Randers Kunstmuseum. Copenhague, Kunstforeningfeen.
  • 1982 : Peinture Politique Maison de la Culture, Chalon-sur-Saône. Musée Rigaud, Perpignan.
    • Musée des Beaux-Arts de Nîmes
    • Musée Hedendaagse Kunst, Utrecht.
  • 1983 : Miroir d'Encre, Bruxelles. Galerie Jaqueline Storme, Lille. Galerie Municipale Edouard Manet, Gennevilliers.
  • 1984 : Centre Culturel Pablo Neruda, Corbeil-Essonnes. Espace des Cordeliers, Châteauroux.
  • 1985 : Paris ARC2, Musée d'Art Moderne de la ville de Paris.
    • Musée des Beaux-Arts, Dôle. Centre d’art contemporain, Montbéliard.
  • 1986 : Maison de la Culture du Havre. Maison de la Culture de Bourges. Biennale de Venise.
  • 1988 : « Huit Paysages », Galerie Miroir d'Encre, Bruxelles. Centre d'Art Contemporain, Rouen.
  • 1990 : « Les fresques, les savants et les ingénieurs », Cité des Sciences et de l'Industrie, La Villette, Paris.
  • 1991 : Centre Gérard Philipe, Cergy-Pontoise.
  • 1992 : « Erró Collages 1958-1988 », Centre Culturel d'Issoire.
    Pavillon Français, La France à Séville.
  • 1993-1994 : Exposition itinérante ”Art history – Politics – Science Fiction” accueillie à Copenhague, Pori, Göteborg, Edimbourg et Reykjavík.
  • 1994 : Halle du Palais des Congrès, Paris.
  • 1995 : Quoi de neuf, docteur?, Le Salon d'Art, Bruxelles.
  • 1996 : ’’Erró Von Mao bis Madonna", Museum moderner Kunst Stiftung, Vienne.
    Orangerie Herrenhausen, Wilhelm Museum, Hanovre.
  • 1996-1997 : Exposition itinérante ” Political Paintings” présentée à Hanovre, Munich,Hambourg, Berlin, Belgrade, Budapest, Bratislava
  • 1998 : Villa Tamaris, La Seyne sur Mer.
  • 1999 : « Erró politique », Galerie Nationale du Jeu de Paume, Paris .
  • 2000 : « Erró, images du siècle», Musée d'Art Contemporain, Marseille.
    • « Erro, les femmes fatales », Musée des Beaux-Arts de Caen.
    • Compositeurs classiques, contrepoint, Genève.
  • 2001 : Helsinki City Art Museum, Helsinki, Finlande.
  • 2002 : « Erró, Renault et l'art », Espace Renault, Boulogne-Billancourt.
  • 2003 : « Erró, Les Femmes fatales », le Creux de l'enfer, Thiers.
  • 2004 : Museo Nacional de les Belles Arts, Kiev.
    Lilian Vermon Center for International Affairs, The Grey Art Gallery,New York University.
    Galerie Louis Carré, Paris .
  • 2005 : « Erró, Rétrospective » Palma de Majorque, Modern i Contemporani de Palma.
  • 2006  :”Erró : le grand collage du monde ” à Valence et Madrid.
  • 2008 : Exposition Figuration narrative Paris, 1960 - 1972 au Grand-Palais Paris

Bibliographie

Danielle Kvaran, "Erró, l'art et la vie", Hazan pour la version française, Mál og Menning pour les versions islandaise et anglaise, 2007.

Galerie

Voir aussi Les films d' Ann ; le cinéma de Nezumi; les Artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal